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«La gestion des déchets est l'affaire de tous» Interview :Tahar Tolba, sous-directeur chargé de la gestion des déchets urbains au ministère de l'Environnement
La gestion des déchets en Algérie suscite beaucoup de préoccupations, où en est la situation ? Lors de la création du ministère de l'Environnement en 2000, il a y a eu la mise en œuvre d'une stratégie nationale s'étalant sur 10 ans et qui englobe tous les aspects urbain, industriel et la conservation de la biodiversité, qui par la suite a été adoptée par le gouvernement. Cette stratégie s'articule autour de plusieurs aspects, notamment la gestion écologique et rationnelle des déchets et surtout la préservation de la santé du citoyen. S'ajoute à cela la mise en application d'un plan d'action qui sert à mettre en exergue les quantités de déchets générées, ainsi que les lieux de collecte et d'entreposage, dont pas moins de 800 communes sur 1541 ont bénéficié d'un schéma directeur pour assurer une meilleure gestion de ces opérations. Peut-on connaître la quantité des déchets produits annuellement ? Malheureusement, elle varie entre 8 et 12 millions de tonnes par an, mais le problème qui se pose c'est que l'on ignore le poids réel de ces déchets. Quant aux déchets générés par habitant au quotidien, on donnera l'exemple de Annaba avec 0,5 kg et Alger avec 0,8 kg. Les derniers chiffres révèlent l'existence de 3000 décharges sauvages sur une superficie de 150 000 hectares, alors qu'en parallèle il y a eu la mise en place de centres d'enfouissement ; où en sont ces opérations ? Ce problème touche la politique urbaine. A cet effet, on va mettre en place pas moins de 85 décharges dans les communes isolées et dont la population ne dépasse pas 100 000 habitants. 11 ont été achevées, 30 sont en cours de réalisation, 23 sont en voie de lancement, 18 sont en phase d'étude et 3 seront bientôt instaurées. C'est pour cela que les centres d'enfouissement techniques ont été instaurés en fonction des quantités réelles avec une totalité de 82 CET. Ces derniers sont éparpillés à travers les wilayas d'Alger, de Annaba, de Skikda, de Tébessa, de Tiaret, de Djelfa et d'El Tarf. 28 sont achevés, 34 sont en cours de réalisation, 8 sont en voie de lancement, 5 sont en phase d'étude et 3 sont en phase de choix d'un site. Comme autre solution, il y a eu recours au recyclage et au tri sélectif, ne pensez-vous pas que ces options sont tardives ? Notre pays perd annuellement pas moins de 3,5 milliards de dinars, car il ne recycle pas ses déchets valorisables, tels que le plastique, le bois et le verre. C'est pour cela qu'il reste beaucoup à faire dans ce domaine. Le civisme des citoyens fait défaut, comment les sensibiliser ? Le ministère de l'Environnement en a fait une priorité, mais le secteur de la gestion des déchets est l'affaire de tous, notamment les communes qui doivent d'abord prendre en considération les volets formation et sensibilisation de leurs personnels, car il demeure impossible de gérer les déchets alors que les personnes chargées ne sont pas qualifiées, quand on sait que l'organisme chargé de la collecte doit être discipliné, sans oublier le rôle que doivent jouer les médias pour éveiller la conscience collective. Mais en parallèle, il faut que les citoyens s'impliquent davantage pour en faire une préoccupation quotidienne afin d'avoir un environnement propre. Dans ce même contexte, vous avez appliqué le principe du pollueur payeur, qu'en est-il exactement ? Ce principe a été appliqué afin de mettre un peu d'ordre et responsabiliser le citoyen quant à la gestion de ses déchets, car une certaine anarchie règne. Pour ce faire, notre tutelle a installé une inspection destinataire de toute forme d'infractions commises en la matière. Il y a eu des personnes qui ont été traduites en justice pour motif d'abandon de déchets sur la voie publique et ont été pénalisées. Quant à la sanction, une taxe de 80 000 DA a été fixée pour pénaliser les fautifs. En ce début d'année, quelles sont les perspectives envisagées par votre tutelle ? Nous allons mettre en place plusieurs centres d'enfouissement, où pas moins de 29 arrêtés ministériels ont été signés, avec l'implication des ministères de l'Environnement, de l'Intérieur et des Finances. Ainsi que la programmation de sessions de formations qui seront destinées aux personnes chargées de la gestion des déchets, encadrées par des experts nationaux et internationaux, et ce, dans l'optique de doter l'Algérie d'un schéma de gestion des déchets. On doit œuvrer quotidiennement pour atteindre cet objectif qui responsabilisera la commune, tout en impliquant le citoyen. Entretien réalisé par