«Les agences de voyages sont dans l'obligation d'acheter des devises sur les places de change de l'informel», affirment des opérateurs du secteur contactés hier à ce sujet. Les difficultés pour se procurer des devises par le biais des banques sont imposées, selon eux, par la Banque d'Algérie. Cela pénalise le Trésor public qui voit ainsi des sommes considérables échapper au fisc, enrichissant par conséquent le marché parallèle. Les autorités considèrent que les séjours proposés par les agences de voyages sont une forme d'importation. Ces dernières sont pointées du doigt et se voient accusées de ne pas développer l'image «Algérie» privilégiant l'envoi de touristes algériens vers d'autres destinations. Réfutant ces accusations, nos interlocuteurs préfèrent mettre l'accent sur le problème lié à la convertibilité du dinar car «les vacances restent deux fois moins cher en dehors de nos frontières», souligne-t-on. Pour une opératrice exerçant à Alger «acheter des euros au Square Port Saïd est la seule solution pour honorer les demandes formulées par les clients». Un chef d'agence estime pour sa part que «si la Banque d'Algérie autorise les agences de voyages à se procurer des devises, les prix des séjours seront plus abordables», car dans le cas contraire, ce sont les intervenants sur le marché de l'informel qui spéculent à leur aise. Les opérateurs indiquent également que «le rapport qualité-prix n'est guère intéressant dans notre pays, raison pour laquelle les estivants algériens préfèrent se rendre dans les pays où les prix sont attrayants, comme la Tunisie». Selon des patrons d'agence, «les infrastructures hôtelières manquent cruellement et les hôtels existant ne sont pas conformes aux normes». Les pouvoirs publics se sont engagés ces dernières années à promouvoir l'image Algérie mais nos interlocuteurs pensent qu'entre le discours et la réalité, c'est le paradoxe qui anime la sphère. Pour cause, les projets de construction d'infrastructures hôtelières respectant les standards internationaux ne voient pas le jour. Sur un point similaire, des chefs d'agences affirment que «le transfert des devises par nos compatriotes établis à l'étranger est tellement long que les émigrés préfèrent se rendre par leurs propres moyens chez nos voisins de l'Est». Pour y remédier, ils estiment que «des mesures doivent être prises pour faciliter leur accueil». Même si la crise économique est toujours d'actualité, les tarifs d'hébergement établis par les Tunisiens devaient connaître une baisse de l'ordre de 3 à 4% par rapport à l'année dernière, affirme-t-on de même sources. Et d'ajouter que «durant la saison estivale 2010, le secteur connaîtra une baisse de fréquentation en Tunisie de 50% car les épargnes des Européens s'éroderont au cours des prochains mois». Le tourisme algérien pourrait profiter de cette conjoncture.