La pression monte dans le conflit qui oppose depuis maintenant plus de cinq jours les conducteurs de train de la SNTF à leur direction. Ils ont brandi, hier, la menace de démission collective. Dans une déclaration au Temps d'Algérie, des syndicalistes ont fait part de leur «pleine conviction» de continuer le débrayage pour dénoncer «l'attitude» de l'administration et l'impasse dans les négociations sur leurs revendications. Il s'agit, notamment, de la question du barème des salaires. «Au bout d'un certain temps, cela suffit d'être pris pour des nuls. L'administration nous pousse réellement à nous révolter», s'insurgent les syndicalistes contactés. «Si l'administration ne satisfait pas et ne répond pas favorablement à notre plateforme de revendications, nous allons présenter une démission collective», ont-ils ajouté. Le SG de la section syndicale représentant les conducteurs de train, Sid Abdelkader, a estimé que les revendications soulevées sont «légitimes» et «la loi leur garantit le droit de protester». Tout en qualifiant le refus de l'administration vis-à-vis de leur revendication d'une «discrimination et d'une injustice», il ajoutera que «la Fédération nationale et la Commission des transports de l'Assemblée populaire nationale (APN) ont reconnu ce droit». «En vain, la direction de la SNTF ne veut pas l'admettre». Le représentant des conducteurs persiste et signe : «L'action de protestation va continuer si notre problème ne sera pas résolu.» Le syndicaliste trouve «regrettable» le fait que depuis le début de la grève, aucun parti n'a réagi et exprimé son soutien aux grévistes. «Jusqu'au jour d'aujourd'hui, toutes les portes du dialogue sont apparemment fermées. Et portant, ce mouvement a touché plusieurs wilayas du pays dont Alger, Oran, Constantine, Jijel, Touggourt, Bechar…», a-t-il déclaré en dénonçant l'immobilisme chez la société civile qui n'a soufflé mot sur cette grève. Ils sont environ 1600 grévistes qui ont participé à ce débrayage depuis près d'une semaine. Un conflit «syndico-syndical» «L'administration doit répondre à nos revendications, pour ne pas aggraver la situation. Nous songeons à la démission collective qui reste notre ultime solution», a-t-il prévenu. Au niveau de la base, on croit fermement à ce mouvement de grève. Un conducteur de train dénonce «l'existence d'une inégalité de reclassement au sein de l'entreprise entre les différentes catégories professionnelles». Il estime que «la Fédération nationale est incapable de prendre en charge leurs préoccupations et de défendre les droits des travailleurs». La Fédération nationale des conducteurs de train désapprouve cette grève. Un membre de cette organisation, qui a préféré s'exprimer sous couvert de l'anonymat, n'a pas mâché ses mots contre ce mouvement de protestation, en indiquant en des termes clairs : «Ce débrayage n'est pas légitime.» «La fédération n'a pas été informée par les syndicats», a-t-il confié. Et d'ajouter : «Les conducteurs ont été manipulés par des parties qui ne cherchent, à travers ce mouvement, qu'à créer un malaise au niveau de notre entreprise.» La Fédération s'attend à une décision de justice qui va être annoncée aujourd'hui pour demander à l'ensemble des grévistes de reprendre le travail. Selon cette source, une commission est installée pour étudier le dossier des reclassements. «Il faudrait lui accorder le temps et la confiance nécessaires pour cette mission très délicate», souligne-t-il. Du côté de la direction générale, nos multiples tentatives pour joindre les responsables de la SNTF n'ont pas abouti malgré notre insistance.