En dépit des menaces du ministère de l'Agriculture de suspendre les quotas en poudre de lait octroyés aux transformateurs qui refusent de prendre aux éleveurs le lait cru, certaines unités de production continuent à faire la sourde oreille, provoquant ainsi la colère des fellahs. Pour protester contre le «diktat» de certaines laiteries qui refusent d'acheter aux éleveurs les quantités de lait produites, des fellahs, notamment de Tizi Ouzou, ont décidé d'investir la rue aujourd'hui et de fermer le siège de la Direction des services agricoles (DSA). Contacté par nos soins, un membre de la fédération des éleveurs de la wilaya nous a fait savoir que parmi leurs revendication, il y a celle de demander aux responsables du secteur de mettre à exécution les directives du ministère de l'Agriculture qui consistent à suspendre les quotas en poudre de lait aux transformateurs qui refusent de s'approvisionner en lait cru auprès des éleveurs locaux. «Ce qui est malheureux, c'est que cette pratique ne vient pas seulement des transformateurs privés car même les laiteries publiques telles que celle de Draâ Ben Khedda fait de même à l'encontre des éleveurs avec qui elle est conventionnée», s'est insurgé notre interlocuteur qui promet d'aller «jusqu'au bout pour, dit-il, la sauvegarde de cette filière qui fait vivre plusieurs familles». Ne se limitant pas à cette revendication, le jeune éleveur énumère entre autres le manque d'une distribution équitable du son entre les différents éleveurs. «Des passe-droits et un favoritisme flagrant sont constatés au niveau de la DSA qui privilégie des éleveurs au détriment des autres.» Pour prendre la température dans d'autres wilayas à fort potentiel laitier, nous avons pris attache avec un éleveur de la wilaya de Mila. Même si aucune action radicale n'est en vue, notre interlocuteur n'a pas manqué de descendre en flammes les transformateurs lesquels, selon lui, ne respectent pas les contrats passés avec les éleveurs n'ayant ainsi de souci que pour leurs propres intérêts. Pour se défendre des accusations portées à leur encontre par les éleveurs, des transformateurs expliquent que la plupart des laiteries sont de petite ou moyenne taille, avec des moyens de collecte et de stockage limités. Et comme le lait est un produit rapidement périssable, notamment en temps de chaleurs, les unités de transformation se tournent vers la poudre de lait pour en faire du lait en sachet. En réalité, ce problème entre éleveurs et industriels survient à chaque printemps. Pendant cette période de l'année, la végétation qui abonde offre aux éleveurs l'opportunité de nourrir leur cheptel bovin laitier en herbe fraîche, ce qui permet une forte lactation. Ainsi, à défaut d'être acheté par les transformateurs, les éleveurs se trouvent avec des quantités de lait dont ils ne savent quoi faire. En somme, le mécontentement des éleveurs témoigne encore une fois de l'échec des politiques agricoles successives adoptées par l'Algérie et ce malgré les milliards de dinars déboursés pour organiser les filières.