Warda, la diva de la chanson arabe, est toujours vivante, bien qu'elle soit partie vers l'autre monde il a quatre ans, le 17 mai 2012. Warda, cette chanteuse qui nous a appris à l'attendre chaque premier Novembre chanter son pays l'Algérie, reste cette modeste artiste qui a continué à aimer son pays jusqu'à la fin de sa vie. Pour ceux qui ont voulu qu'elle soit la remplaçante de Oum Kelthoum, elle leur a répondu : «Je ne suis ni la remplaçante, ni la suivante de qui ce soit». Elle avait également dit qu'elle ne pouvait atteindre le niveau culturel de Oum Kelthoum. Née en France, de père algérien et de mère libanaise, elle a vécu à Paris jusqu'à l'âge de 16 ans entre cinq frères et sœurs et les tables du restaurant de son père, appelé Tam-Tam (aux initiales Tunisie, Algérie, Maroc). Ce lieu servait aussi aux patriotes maghrébins. C'est de cette ambiance patriotique qu'elle fut imprégnée. L'amour de la patrie de son père où l'Algérie était un idéal pour celle qui allait devenir l'une des plus grandes stars de la chanson arabe. Elle avait aussi la nostalgie de ce pays qu'elle ne connaissait pas encore. «L'Algérie pour moi, c'était les histoires que me racontait mon père et l'alphabet arabe que ma mère m'apprenait dans la cuisine». Enfant, Warda découvre la chanson arabe en écoutant Oum Kelthoum et Leïla Mourad, notamment dans le café que détenait son frère Mohamed Ettorki à Barbès (Paris) au début des années 1950. Elle enregistre son premier disque en 1952, alors qu'elle n'avait que 12 ans. Ya m'Raoueh Lebled, chanson nostalgique sur l'immigration composée par Lahbib Hachelaf et Bladi ya Bladi de Mohamed El Djamoussi. Ce fut alors le début de sa carrière artistique. Cette première expérience fut vite interrompue par les évènements d'Algérie, et pour des raisons de sécurité, la famille quitte la France en 1956 pour un exil difficile au Liban. Aprés une période d'adaptation et de tâtonnement, Warda réussit à se faire engager dans des clubs à Beyrouth. A Damas, dans un gala artistique, Warda passe sur scène. C'était en 1956, elle avait 17 ans. «Je suis passé dans ce gala, il y avait de grands noms, Abdelhalim Hafedh, Wadie Essafi, Sabah, Abdelmoutaleb… J'ai chanté à 4 heures du matin. Il y avait deux Warda, la libanaise et moi. On m'a alors annoncé au public, Warda El Djazaïria», a-t-elle affirmé. Lors de la manifestation du 11 décembre 1960, Warda ne reste pas indifférente à cet évènement. Elle monte au créneau et chante Nida Edhamir, paroles du docteur Salah Kherfi et musique de Riadh Essembati. Warda prend fait et cause pour la lutte de libération nationale de l'Algérie et s'exile au Caire. Riadh Essambati, compositeur attitré de Oum Kelthoum, compose pour celle qu'il subodore un grand talent : Djamila koulouna Djamila du libanais Affif Redhsouane, un hommage rendu aux Djamila de la révolution et Ana min El Djazaïr, de Mohamed Mohcen…En 1962, elle découvre l'Algérie et se tait pendant 10 ans. «Je me suis mariée, j'ai fait la cuisine et deux enfants», avait-elle avoué. Le grand retour Elle resurgit sur scène en 1972 sur invitation du président Houari Boumédiène, à l'occasion du 10e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Elle chante Min Baïd, paroles de Salah Kherfi et musique de Baligh Hamdi. C'est le déclic. Warda reprend confiance dans sa voie. A l'âge de 32 ans, elle choisit la chanson et divorce. Depuis, elle n'a cessé de se battre pour introduire des mots simples dans la liturgie de la chanson arabe. Elle se marie avec le compositeur égyptien Baligh Hamdi, et là commencent les belles chansons sentimentales. El Wadaâ (Les adieux), une des chansons les plus vendues, ou Khalik Hina (Reste ici). En Egypte, les compositeurs les plus doués se succèdent pour lui écrire des chansons. Entre autres Husséïne Essayad, Riadh Essambati, Baligh Hamdi et sans oublier le compositeur génial et prolifique, Mohamed Abdelwahab. Elle enchaîne enregistrement sur enregistrement. Sa voix ample et emphatique et son élégance à l'allure impériale ravissent, aussi avec ses rythmes vifs et entraînants et ses mélodies capricieuses. Elle chante les amours contrariés, les amours retrouvés et la femme délaissée. Son écho est tel que c'est par millions que se sont vendus ses disques et ses cassettes dans le monde arabe.