Le ministre du Commerce Bakhti Belaïb a déclaré, en marge d'une rencontre sur l'approvisionnement en produits alimentaires, que l'importation de véhicules d'occasion de moins de trois ans reste une option. «Cette formule tant réclamée et dont les coûts sont moindres reste une option», avait-il lancé ajoutant que son département devra d'abord examiner l'impact de la réduction du quota instauré dans le cadre des licences d'importation. Cette déclaration du premier responsable du secteur du commerce en Algérie a fait le tour des réseaux sociaux et des sites spécialisés dans l'automobile à tel point que certains ont carrément annoncé que le gouvernement était favorable au retour des véhicules de moins de trois ans. L'Algérie, faut-il le rappeler, a fait l'expérience de cette «option» en important massivement des véhicules ZH d'Europe. Pour les spécialistes du domaine de l'automobile, instaurer une libre importation des véhicules de moins de trois ans depuis le continent européen ou asiatique profiterait à une certaine «caste» d'affairistes aussi bien en Algérie que de l'autre côté de la Méditerrané. «Nous avons eu l'expérience avec les véhicules ZH. Qu'avons-nous gagné ? Rien sauf une véritable évasion fiscale de devises qui a profité à certains groupes», dira un spécialiste de ce domaine. Pour l'expert dans le domaine de l'automobile, Mohamed Yaddadène, ceux qui sont pour l'importation de véhicules d'occasion «ont la mémoire courte des véhicules ZH importés et surtout des dates ne reflétant en aucun cas l'âge du véhicule. Cette situation a fait que le marché algérien était devenu une poubelle avec des importations massives». Notre interlocuteur voit que le marché des véhicules d'occasion en Algérie a besoin d'être encadré. «Le parc automobile d'occasion en Algérie a été renouvelé. Il est devenu plus important. Ce marché a besoin d'être régulé par un cadre réglementaire (cahier des charges spécifique) pour permettre aux concessionnaires et autres garagistes de se redéployer dans cette activité», dira-t-il, ajoutant que le véhicule qui est traité et rénové par le concessionnaire pourra bénéficier au moins de six mois de garantie et d'un carnet d'entretien viable. «Ce marché des véhicules d'occasion est une aubaine pour les concessionnaires automobiles qui souffrent actuellement de la non-disponibilité des produits et des licences d'importation imposées par les pouvoirs publics. Ces concessionnaires pourront, de ce fait, reprendre leur activité en véhicules d'occasion et sauvegarder des offres d'emploi». Qu'en est-il des marchés de vente de véhicules comme celui d'El Harrach, Tidjelabine, ou Sétif ? «Les milliers de véhicules qui se vendent à travers les marchés en Algérie chaque semaine échappent à la fiscalité. Il n'y a aucun bénéfice pour les caisses du Trésor public. Les marchés peuvent rester car ils vont s'intégrer si l'activité de véhicules d'occasion sera réglementée. Le Trésor pourra instituer une taxe spécifique et surtout une facturation par les concessionnaires ou garagistes comme cela se pratique ailleurs. Cela va contribuer à créer des emplois au lieu de voir les véhicules se vendre sur les trottoirs et dans les marchés sans garantie. Les SAV avec la pièce de rechange vont bouger avec cette activité de VO», assure notre interlocuteur. Notre spécialiste de l'automobile préconise un refus des députés de l'APN quant au retour de l'importation des véhicules de trois ans comme cela était le cas en 2007. «Les pouvoirs publics veulent limiter les sorties de devises. Pourquoi donc ouvrir une brèche ? Au contraire, le marché intérieur permettra de contribuer aux recettes fiscales et le parc sera mieux entretenu grâce à la rénovation ou à la mise à niveau des véhicules d'occasion destinés à la revente.» Dans un autre registre, l'association de défense des droits des consommateurs Apoce, que dirige Mustapha Zebdi, vient de lancer un appel sur les réseaux sociaux pour une pétition nationale afin de faire pression sur les pouvoirs publics et de relancer les importations des véhicules de moins de trois ans. Nous avons tenté de le joindre pour avoir son avis sur ce sujet. En vain.