Longtemps déconnectées, les entreprises et l'université semblent déterminées à édifier des «ponts de coopération mutuellement bénéfique». A travers la conclusion de conventions, des entreprises et des représentations régionales du Forum des chefs d'entreprise (FCE) s'associent à des universités. Quatre nouvelles conventions ont été signées, jeudi à Oran, entre des opérateurs, membres du FCE, et les universités de Constantine et de Tlemcen ainsi que l'Institut national des postes et technologies de l'information et de la communication. Ces accords s'inscrivent dans la continuité des autres accords passés auparavant entre des entreprises et des universités comme celui de la Société générale emballage et l'université de Béjaïa. Les conventions ont été signées en marge de la rencontre université - entreprise organisée conjointement par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) et le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a exhorté à cette occasion l'université à s'intéresser aux potentialités économiques locales. Il a regretté la déconnexion entre l'université et le secteur économique dans la mesure où «80 % des travaux de recherche n'ont aucun impact sur l'entreprise». Dans d'autres pays, «la recherche se fait en fonction des besoins du domaine économique et du monde de l'entreprise», a fait remarquer le ministre. De manière plus concrète, il a recommandé à l'université d'Oran, par exemple, de prévoir à l'avenir des spécialités dans le domaine de la fabrication automobile pour accompagner le développement de l'industrie naissante dans cette région. Lors de cette rencontre, organisée à l'occasion de la Journée nationale de l'étudiant, le président du FCE, Ali Haddad, dira que son organisation «a parmi ses principaux objectifs la construction d'un véritable partenariat durable et efficace entre l'université et l'entreprise». Pour illustrer l'important potentiel que renferme l'université, il a avancé que plus de 1,3 million de nouveaux étudiants renforcent, annuellement, les rangs des établissements universitaires, sans compter les 61 000 étudiants en doctorat ou en post-graduation. Haddad s'est dit convaincu qu'«aucun développement n'est envisageable sans l'innovation». Le FCE, poursuivra-t-il, «travaille de toutes ses forces avec l'ensemble des institutions d'enseignement supérieur, de recherche et de formation». Un système national d'innovation Il a relevé que le Forum encourage l'établissement de conventions entre ses entreprises membres, ses délégations régionales, d'une part, et les universités, les centres de recherche et les directions de wilaya de la formation professionnelle, d'autre part. «Les défis auxquels est confronté aujourd'hui notre pays nous interpellent de renouveler nos méthodes et d'apprendre à travailler ensemble», a-t-il dit aux nombreux responsables d'université et de centres de recherche. S'adressant aux chefs d'entreprise, le président du Forum les a invités à se rapprocher des centres de recherche pour travailler ensemble. Pour le vice-président du FCE, Brahim Benabdesselam, l'Algérie doit disposer d'un «système national d'innovation» car les firmes internationales font du chantage pour effectuer le transfert technologique. Afin de contribuer de manière plus tangible au développement technologique du système productif et à la compétitivité des entreprises, le Forum a, par ailleurs, lancé, avec le concours du ministère de l'Enseignement supérieur, à partir de cette année, le prix de «la meilleure thèse de doctorat». Ainsi, sur 160 candidatures, 72 thèses ont été sélectionnées, relatives à plusieurs spécialités. L'heureux lauréat est le docteur Lyès Bentrouche de l'université de Constantine qui a décroché un prix d'une valeur d'un million DA. Le second et troisième prix ont été décernés, respectivement, à des chercheurs des universités de Béjaïa et de Boumerdès.