La décision du gouvernement d'importer un million de tonnes de ciment, annoncée hier à Blida par le ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, est perçue comme un acte salvateur par les opérateurs économiques impliqués dans la réalisation de gros chantiers de construction. Non seulement la mise sur le marché d'une quantité aussi importante de ce produit va mettre un terme à «la grande spéculation» qui a pris forme sur le marché mais elle permettra à ces derniers d'achever leurs projets dans les délais. La mesure était d'ailleurs attendue par ces opérateurs qui voulaient un geste fort du gouvernement pour assainir le secteur en réfrénant les ardeurs des spéculateurs qui ne manquent aucune occasion de faire grimper les prix. Ces derniers ont connu une brusque envolée, atteignant des seuils impossibles à assumer par les entreprises détentrices de gros marchés de construction et d'habitat. Ni d'ailleurs par les petits autoconstructeurs qui peinent à achever leurs modestes habitations. L'objectif avoué du gouvernement, à travers cette mesure, est d'éviter l'arrêt de gros chantiers initiés dans le cadre du plan quinquennal en cours, notamment les programmes relatifs à la réalisation du million de logements, des infrastructures de base dans le secteur de l'hydraulique, en particulier les grands transferts d'eau, et dans celui des travaux publics où d'immenses chantiers sont engagés. M. Temmar a tenu également à rassurer les opérateurs sur la volonté de l'Etat de se pencher sérieusement sur le dossier des matériaux de construction en indiquant que le prix du ciment et les marges des différents intervenants sur le marché national du ciment seront plafonnés ; un décret y afférent sera élaboré dans ce sens et sera publié prochainement. Abordant le volet production, M. Temmar a apporté une précision de taille : l'Algérie, a-t-il affirmé, ne connaît pas de problème de production du ciment. D'abord, parce que les cimenteries fonctionnent normalement et approvisionnent le marché de façon régulière et soutenue. Ensuite, parce que les capacités de production en ciment couvrent totalement les besoins du pays. Mieux, a-t-il avancé, la production nationale de ciment sera appelée à augmenter à travers, notamment, la réalisation d'une nouvelle usine à Djelfa (3 millions de tonnes/an à l'horizon 2011), et ce, dans le cadre d'un investissement étranger (Egypte), ainsi que le lancement de deux autres à Relizane et à Béchar par le groupe Sonatrach. Revenant au partenariat noué en septembre 2008 entre la Société des ciments de la Mitidja et le groupe français Lafarge, le ministre a indiqué que les résultats de cette association ont été positifs en matière de gestion, de sécurité et de respect de l'environnement, quand bien même a-t-il été constaté une baisse relative de la production (de 950 000 tonnes en 2007 à 750 000 tonnes en 2008), conséquente aux opérations de mise à niveau au plan des procédures de gestion, de production et de modernisation de l'outil de production. Etape nécessaire, selon le ministre, à la montée en cadence de la production qui connaîtra une augmentation sensible dans les deux ans à venir. Et il y a matière, en effet, à accroître les capacités de production pour accompagner l'effort de développement national. L'investissement dans le secteur, en partenariat avec les opérateurs étrangers, est souhaité, a indiqué M. Temmar, qui a précisé qu'il est grand temps de développer les activités économiques hors hydrocarbures et de favoriser le transfert de technologie et de savoir-faire. Intervenant lors de cette conférence de presse, le président du directoire de la SGP-Industrie des ciments, Mokhtar Aibeche, a souligné que Lafarge «gère la Société des ciments de la Mitidja conformément à un contrat de management d'une durée de 10 ans (depuis septembre 2008) extensible à 15 ans». Ce partenariat vise, dans une première phase, la réalisation de l'objectif d'une production de 1,1 million de tonnes de ciment en 2010, a indiqué ce responsable. Quant à la deuxième phase, il s'agira de «l'extension des capacités de l'usine pour arriver à une production de 1,7 million de tonnes de ciment en 2012.» Concernant les autres cimenteries relevant du SGP qu'il dirige, M. Aibeche a souligné que des opérations d'extension des capacités de production ont été effectuées au niveau des cimenteries de Chlef, de Aïn Kebira (Sétif) et de Beni Saf (Aïn Témouchent) pour une production supplémentaire globale de 6 millions de tonnes. Il est à rappeler que le secteur cimentier public a atteint la capacité nominale globale installée de 11,5 millions de tonnes en produisant près de 11,6 millions de tonnes. Avec les extensions des capacités de production, la production de l'ensemble des cimenteries publiques dépassera les 18 millions de tonnes à partir de l'année 2012, rappelle-t-on encore.