Même en de pareilles circonstances où toute vie humaine mérite un moment de deuil et de recueillement, la presse marocaine n'a pas dérogé à sa tradition, préférant faire du décès du chef du Front Polisario, et néanmoins président de la Rasd, un moment de jubilation. De «chef des mercenaires» au «traître» en passant par «dictateur», les qualificatifs ayant accompagné la mort de Mohamed Abdelaziz reflètent, on ne peut plus clair, la haine qu'éprouvaient et qu'éprouvent toujours ces «médias» – s'ils méritent d'être désignés comme tels – à l'homme. Grave dérapage que celui du site ahdath.info qui, dans un long article sous-titré «Mort d'Abdelaziz El-Marrakchi : la fin d'une illusion», ira jusqu'à évoquer «une double souffrance de Abdelaziz dans les derniers jours de sa vie». Pire, la tribune signée par un sinistre du nom de Saïd Nafaa qui paraît plus dans la peau d'un «croquemort» jubilant le décès «non regrettable» de l'homme, estime qu'Abdelaziz «n'a jamais été un grand dirigeant». Mais, «seulement une ombre des dirigeants de l'Algérie dans la wilaya de Tindouf», lit-on encore dans le texte qui qualifie le Front Polisario de celui des «mercenaires». Pour sa part, le360.ma, qui a annoncé en premier l'information écrit : «Le dirigeant séparatiste est décédé des suites d'une longue maladie maligne, en l'occurrence le cancer du poumon.» Après avoir lancé une pique contre notre pays estimant qu'«Alger ne voudra comme successeur qu'un homme aussi docile que le défunt», le site revient vite avec un autre article où il décrit «une bataille rangée entre les prétendants à la succession». De son côté, hespress.com, tout en décrivant un homme «qui s'est dit président de ce qui est appelé République sahraouie, et parti sans l'être après sa mort ce mardi», a vite placé cette disparition dans le contexte politique, estimant que «toutes les conditions sont réunies pour un changement» dans le conflit entre le Maroc et le Front Polisario. Le site a fait parler des chefs de partis marocains qui ont appelé le Front «à réviser» ses positions et «à se réveiller de son sommeil». «yabiladi.com», l'exception Canal réputé pour être proche du makhzen, le matin.ma, par contre, a préféré ignorer le décès du président de la Rasd. Le site n'a même pas daigné rapporter l'information ne serait-ce que par devoir d'information. Une attitude le moins que l'on puisse dire est la preuve que le canal fonctionne bel et bien sous les ordres de Sa Majesté. La même option a été choisie par essabah.ma qui aussi n'a soufflé mot sur le décès de Abdelaziz. Seul à éviter de verser dans le dénigrement et l'agression est le site d'information générale yabiladi.com. Ce dernier a fidèlement traité l'évènement annonçant «le décès du leader du Front Polisario». Avant de préciser qu'«en Algérie, le chef de l'Etat qui présidait un Conseil des ministres, entamé par une minute de silence, a décrété un deuil de 8 jours en hommage à la mémoire du défunt leader sahraoui».