Le Premier ministre israélien semble avoir choisi la guerre et tourne ainsi le dos à la paix sur la base de deux Etats (Israël et la Palestine). C'est le sentiment que nous avons eu après le discours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, supposé apporter une réponse à celui prononcé par le président américain, Barack Obama, le 4 juin au Caire à l'adresse du monde arabe et musulman. Ne nous jouons pas des mots, ni nous laissons leurrer par un discours aseptisé, le non à un Etat palestinien est clair et sans équivoque. L'acceptation du bout des lèvres du principe d'un Etat palestinien par Benjamin Netanyahu est immédiatement contrebalancée par les conditions mises à la réalisation d'un tel principe, que tous les analystes ont d'ailleurs compris ainsi. M.Netanyahu a tout simplement douché les espoirs de paix. Contrairement aux dires de certains responsables européens, qui voyaient du positif là où il n'y avait que de la négation, nous n'enregistrons aucun pas en avant, aucun progrès dans la position israélienne contrairement à la réaction euphorique du ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Kohout,(la Tchéquie assure la présidence tournante de l'Union européenne) qui estime que le discours du Premier ministre israélien allait dans «la bonne direction», alors même que celui-ci, tout en admettant le principe de l'Etat palestinien, cadenassait dans le même temps toute possibilité de jamais y parvenir. On ne voit pas où se situe le progrès par rapport à la position officielle, quasiment inchangée, d'Israël. L'acceptation du «principe d'un Etat palestinien» est conditionnée selon Benjamin Netanyahu par la reconnaissance par les Palestiniens de la «spécificité» d'Israël «Etat juif», l'exclusion de tout partage de Jérusalem en tant que capitale des deux Etats, la poursuite de la colonisation et l'extension des colonies en Cisjordanie...En sus du fait que, si jamais un tel Etat voyait le jour, il doit être démilitarisé. La totale! Où est l'offre de paix dans tout ça? Que M.Netanyahu veut éprouver le président américain et jouer avec lui au poker menteur, qu'il ne le fasse pas sur le dos des Palestiniens spoliés de leurs terres, de leurs droits auxquels on demande tout simplement d'accepter le diktat des colons israéliens et d'Israël. A l'évidence, Benjamin Netanyahu se fait des illusions s'il pense que réellement ce qui reste d'encore lucide de la communauté internationale va accepter cet appel à peine déguisé à la poursuite de la guerre plutôt que de réfléchir aux moyens de construire la paix. Il est patent que Netanyahu a clairement choisi hier le camp de la guerre. De fait, la désillusion est grande chez ceux qui espéraient encore un minimum de raison garder de la part du Premier ministre israélien qui a assorti le principe d'un Etat palestinien, qui ferme de fait toute option réelle d'aller à la paix. La réaction de l'un des rares pays arabes qui entretient des relations diplomatiques avec Israël aux propos de Netanyahu est significative. «L'appel à reconnaître Israël en tant qu'Etat juif complique davantage les choses et ruine les possibilités de paix», a déclaré hier lors d'une cérémonie militaire, le président égyptien Hosni Moubarak, cité par l'agence Mena. «Personne ne soutiendra cet appel, ni en Egypte ni ailleurs», ajoute M.Moubarak. Les Etats-Unis n'ont pas réagi dans l'immédiat, mais la Maison-Blanche a fait savoir que M.Obama «continuera de travailler avec toutes les parties - Israël, l'Autorité palestinienne et nos partenaires du Quartette - pour s'assurer qu'ils s'acquittent de leurs obligations et responsabilités pour aboutir à une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien et à une paix globale». En fait, la balle se trouve aujourd'hui dans le camp de la communauté internationale et, singulièrement, des Nations unies, qui doivent faire comprendre aux dirigeants israéliens que la paix et la sécurité de l'Etat hébreu ont un prix à payer: l'érection d'un Etat palestinien indépendant et viable, doté de tous les attributs de la souveraineté, y compris militaire, qui ne sont pas négociables. Il serait curieux qu'Israël persiste dans son attitude de négation des droits des Palestiniens si la communauté internationale joue (enfin) le rôle attendu d'elle et fasse appliquer par Israël les résolutions onusiennes qui ouvrent la voie à une paix véritable au Proche-Orient. Ce n'est pas à Israël de décider du sort du Proche-Orient, il appartient en fait à l'ONU qui créa l'Etat hébreu par le partage de la Palestine historique d'exiger qu'Israël fasse enfin (60 ans après), sa part d'application de la résolution 181 (II) de Novembre 1947. Au vu de l'intransigeance d'Israël et de son refus de la paix, par son déni d'un Etat palestinien indépendant, il est du devoir de la communauté internationale d'exiger que l'Etat hébreu s'acquitte de ses obligations envers la paix au Proche-Orient alors que le Premier ministre israélien actuel a opposé, sans autre forme de procès, une fin de non-recevoir à la paix telle que formulée par le dernier discours du président américain Barack Obama. Aux Etats-Unis et à la communauté internationale de tirer les conclusions de l'opposition d'Israël à la paix.