Le temps emporte tout... mais pas les actes, les mémoires et les combats. La vie de Mohamed Abdelaziz s'achève, sa lutte, elle, pour l'autodétermination du peuple sahraoui se poursuivra jusqu'à la victoire. Parade militaire, hymne national... la dépouille du président de la Rasd a été transportée, hier, vers la résidence présidentielle de Rabouni pour la veillée funèbre. C'est à l'aéroport de Tindouf que le corps de Mohamed Abdelaziz a été rapatrié par un Boeing d'Air Algérie avant de rejoindre, aujourd'hui, Bir Lahlou, un des territoires libérés de la Rasd. Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra... des associations, des sportifs, des politiques, l'Algérie a soutenu le peuple sahraoui dans sa douleur. Au cours de la cérémonie de cinq heures, à laquelle ont assisté quelque 500 invités, différents discours ont mêlé solennité et émotion. Aminatou Haider, en larmes, nous dira «le peuple sahraoui vit un immense chagrin. La mort de notre Président est une perte pour nous mais nous ne nous avouons pas vaincus. Nous poursuivrons notre combat». Le témoignage du président de l'Assemblée sahraouie, et président par intérim de la Rasd, affirme clairement la détermination du peuple spolié par le royaume chérifien à continuer le combat. Khatri Adouh déclare : «Tout comme mai 1970 et la proclamation de la République sahraouie en février 1976, nous sommes toujours là, présents pour atteindre notre objectif : un Etat libre et indépendant.» Il ajoutera que «son long chemin vers la liberté s'est achevé, au sens physique du terme. Mais notre propre voyage continue. Nous devons continuer à construire la société pour laquelle tu as travaillé. Nous devons faire vivre l'héritage». Dans les camps de réfugiés de Tindouf, les Sahraouis, larmes aux yeux, regardent le soleil en guise de montre. Tout au long de la longue route sinueuse au milieu du désert doré, les réfugiés qui viennent de perdre leur Président clament haut et fort «tu peux te reposer en paix Président, ton combat ne sera pas vain». Les dirigeants africains appelés au pupitre ont tous rendu un hommage appuyé au héros de la lutte contre la colonisation marocaine. Ainsi, l'ambassadeur de Cuba en Algérie, celui du Venezuela ont rappelé la manière dont le Président a mené son combat. Aujourd'hui, feu Abdelaziz Mohamed sera enterré à Bir Lahlou, lieu de proclamation de la Rasd en 1976. De notre envoyée spéciale à Rabouni (Camps de réfugiés de Tindouf), Thanina Benamer