Détermination. C'est sans doute le vocable qui illustre le mieux l'état d'esprit du peuple sahraoui. Déterminé à poursuive le combat de ses aînés tombés au champ de bataille en 1975, à vivre libre et indépendant sur son sol et à reprendre les armes. 40 années après la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique, la détermination demeure l'objectif de tout un peuple. 27 février. 8h du matin. Les réfugiés sahraouis à Dakhla, dans la wilaya de Tindouf, s'agitent dans tous les sens. Les femmes s'emmitouflent dans leur Mlahfa, les hommes mettent leur chèche, et les enfants, joyeux, courent à grandes enjambées.C'est le 40e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). Le soleil, omniprésent dans cette région d'Algérie, est couvert par une brume matinale qui durera toute la journée. Le vent souffle fort. Si fort que les milliers de Sahraouis, invités internationaux venus célébrer cette date phare de l'histoire de la Rasd, et la presse internationale n'avaient qu'un seul mot d'ordre : «C'est le vent de la liberté.» Quatre décennies de construction institutionnelle vers la libération et le recouvrement de la souveraineté totale de la Rasd sur l'ensemble de ses territoires. Un événement qui se fête. Et c'est à proximité de la grande salle de Congrès du camp de réfugiés de Dakhla, lieu de convergence des invités que les festivités commencent. Des délégations officielles de plus de trente pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Europe étaient présentes. 10h, le vent de sable continue de souffler. Les regards étaient rivés sur le défilé militaire. D'un pas sûr, ils avancent sous les applaudissements. L'appel du président Abdelaziz Le discours du président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, vient inscrire à jamais la détermination du peuple sahraoui à mener son combat vers la liberté. «La liste du sacrifice, de la gloire et du martyre demeure ouverte aussi longtemps que nous n'aurons pas atteint notre objectif, à savoir la liberté et l'indépendance», dit-il. Le président sahraoui réaffirme la cohésion et la détermination de sa nation de poursuivre sa lutte pour arracher son indépendance et d'exercer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire. Mohamed Abdelaziz lance un appel pressant : «Le monde ne peut rester indifférent devant les pratiques coloniales dans ce XXIe siècle de l'occupation militaire marocaine illégitime dont l'essence même est l'expansion, l'agression des voisins et l'inondation de la zone par la drogue étant le plus grand producteur et exportateur de cannabis dans le monde.» Les principaux défis identifiés lors du 14e congrès tenu en décembre 2015 ont été rappelés par le président Abdelaziz. Il déclare que la structure organisationnelle, l'Armée de libération sahraouie, la résistance pacifique, les fronts de l'extérieur, l'information, la culture, les droits humains, les mécanismes de gestion et de contrôle et le rôle des femmes et des jeunes, sont les défis à relever dans la prochaine phase de notre lutte. Les Sahraouis ont réclamé leur droit à la liberté, en l'absence d'une réelle volonté de la communauté internationale pour la décolonisation du Sahara occidental. Le président lance à l'occasion un appel à tous les pays du monde afin de «hâter la reconnaissance de la Rasd et le soutien de sa candidature à l'Organisation des Nations unies, pour appuyer l'équité et la paix et pour le parachèvement de la décolonisation du continent africain». La République arabe sahraouie démocratique avertit le Maroc : «Si le Royaume continue à s'imposer de nouveau comme il l'a fait en 1975, le président confirme que le peuple sahraoui «reprendra la lutte armée légale». «Il y a un siège militaire et sécuritaire marocain étouffant dans les territoires sahraouis occupés», tient-il à rappeler. Ceci, dit-il, en plus du «harcèlement des militants des droits de l'homme et une expulsion systématique des observateurs internationaux indépendants des droits de l'homme et le pillage intensif des richesses naturelles sahraouies». «Nous reprendrons les armes» La placette, qui a abrité les festivités de ce 40e anniversaire, se souviendra de tous ces messages, lancés par le président de la Rasd. Elle se souviendra surtout de la dénonciation du président, des acteurs internationaux qui «contribuent honteusement à encourager l'Etat marocain persistant dans sa politique d'intransigeance et d'obstruction». Mohamed Abdelaziz, président d'un Etat soutenu par plus de 100 nations, invite la France à prendre une position «courageuse et décisive», allant dans le sens d'une «abstention de protéger l'agression et l'occupation marocaine et amener celui-ci à un engagement réel dans les efforts des Nations unies». Le vent a soufflé toute la journée d'hier. Le vent de la liberté, lui, continuera de souffler. Jusqu'à l'indépendance du peuple sahraoui. De notre envoyée spéciale au camp des réfugiés de Dakhla (Tindouf), Thanina Benamer