La baisse drastique des revenus pétroliers depuis deux ans a fini par avoir des conséquences sur le secteur agricole dont certaines filières stratégiques sont soutenues par l'Etat. «Les exploitants agricoles que nous avons accompagnés depuis le lancement du Plan national de développement agricole en 2000 ont évolué et ne doivent plus compter sur les aides de l'Etat. Ils doivent désormais prendre la relève», a suggéré jeudi Sid-Ahmed Ferroukhi, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Lors de la réunion des cadres, tenue à Alger, il a confié ne plus pouvoir poursuivre la même politique de soutien et que les aides seront limitées aux jeunes agriculteurs. Les précédents soutiens accordés aux agriculteurs doivent être transformés à présent en investissements, orientés principalement vers les filières stratégiques. Il a fait appel également aux investisseurs privés pour lancer des projets dans le secteur agricole. Actuellement, 870 projets ont été lancés par des privés pour un montant de 20 milliards de dinars. Une superficie de 400 000 hectares est sous régime d'investissement, et pas moins de 1400 investisseurs ont lancé des projets dans différentes filières. Pour les encourager, le ministère leur accorde des facilitations et leur assure un accompagnement durant toutes les phases des projets. «Nous devons nous inscrire dans un nouveau régime de développement» qui fait du secteur privé un moteur de croissance au cours des prochaines années, a-t-il recommandé. Après avoir atteint une croissance moyenne de 10% au cours des dernières années, la préoccupation actuelle est de maintenir le cap. 0% d'importation de blé dur Le réajustement des programmes vise à donner un nouvel élan à la croissance du secteur, surtout dans les filières stratégiques comme les céréales et le lait. A l'horizon 2019, un scénario difficile a été établi, incitant à la préparation aux temps de disette. En plus clair, préviendra Ferroukhi, «en raison de la baisse des ressources financières, peut-être allons-nous avoir des difficultés pour importer les céréales et le lait en poudre dans les trois prochaines années». A cet effet, un nouveau plan d'action du secteur dénommé Filaha 2019 (forêt, élevage, agriculture et halieutique en Algérie) a été élaboré dans la continuité des précédents programmes. Ce plan vise à atteindre un taux de croissance moyen de 5% à l'horizon 2019, une valeur de production de 4300 milliards DA, dont 110 milliards DA pour la pêche. Il a pour but également de réduire les importations des produits alimentaires de plus de deux milliards de dollars par la substitution de la production nationale dans les filières blé dur, poudre de lait, tomate industrielle et viande bovine. Son objectif est aussi de porter les exportations de produits à 1,1 milliard de dollars (contre 698 millions de dollars actuellement), d'augmenter les superficies agricoles irriguées à 2 millions d'hectares et d'atteindre un taux de boisement de 13%. Par filière, il est question d'arrêter l'importation de blé dur et de poudre de lait destinée à la fabrication de produits laitiers dérivés ainsi que des pois chiches et lentilles, soit une économie totale dépassant 1,5 milliard de dollars en 2019. Parmi les principaux axes du plan Filaha 2019, le ministre citera «l'investissement privé comme nouveau moteur de croissance et le développement de l'irrigation pour un accroissement soutenu de la productivité».