L'investissement privé massif doit jouer le rôle de locomotive du secteur de l'agriculture selon Sid Ahmed Ferroukhi, ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. Dans un entretien accordé à l'APS, le ministre estime que pour sortir le secteur de sa dépendance de l'Etat, «il faut aller vers une approche économique et ne pas rester dans une approche conservatrice». Le ministre fait appel, dans le cadre de cette stratégie, à l'initiative privée, pour accélérer la croissance du secteur agricole. «Auparavant, l'accélérateur de croissance était le soutien de l'Etat, mais aujourd'hui, ce soutien n'est plus suffisant», explique-t-il. Pour faire un saut significatif en matière de production et réduire la facture des importations alimentaires, l'Etat veut, selon le ministre, attirer les industriels, les producteurs privés disposant de financements conséquents en vue d'impulser le développement des filières principales du secteur notamment le lait, les céréales et les viandes. M. Ferroukhi considère ainsi qu'il n'est plus possible de compter uniquement sur les petits céréaliculteurs. «Nous voulons de grands projets», insiste-t-il. C'est dans ce sens, rappelle l'APS, que le ministre a récemment réuni les transformateurs de blé pour les inciter à participer à cet effort et à promouvoir la création de réseaux avec les agriculteurs. «Nous voulons généraliser ce mode de travail», souligne M. Ferroukhi en souhaitant attirer le maximum d'industriels que l'Etat est prêt à aider. «Nous avons plus de 500 minotiers qui ne font pas grand-chose. Nous voulons que les industriels, disposant de capacités financières suffisantes, entrent en jeu et produisent eux-mêmes leur matière première pour ne pas dépendre des achats de l'Etat de l'extérieur», espère-t-il. Outre les transformateurs de blé, les laiteries doivent aussi «mettre la main à la pâte», selon le ministre, qui ajoute : «Nous avons fait nos calculs pour arriver, d'ici cinq ans, à 0% de poudre de lait importée utilisée dans la fabrication des produits dérivés, qui représente 50% de la facture actuelle.» Selon la vision exposée par M. Ferroukhi, le secteur de l'agriculture vise à remplacer la matière importée destinée à la production de produits dérivés par le lait cru local dont la production devrait connaître une hausse suite aux mesures d'incitation prises récemment par le gouvernement. Pour y parvenir, les pouvoirs publics comptent, désormais, sur les gros investissements qui permettraient aux laiteries de constituer la locomotive à travers des projets intégrés de production de lait cru. «Nous pouvons espérer que, d'ici 2019, la poudre de lait soit utilisée uniquement pour la fabrication du lait pasteurisé conditionné en sachet dont le prix est administré à 25 DA. Ce qui nous permettra de ramener les importations à 140 000 tonnes/an contre plus de 300 000 tonnes actuellement», soit une baisse des importations de plus de 53%, pronostique-t-il. S'agissant des viandes rouges, le ministre estime que «nous avons les capacités et les produits pour faire l'engraissement des bovins en Algérie et réduire leur importation». Des mesures d'accompagnement sont également prévues au profit de cette filière, et ce, dans le cadre de l'entrée en production de trois complexes d'abattage à Aïn M'lila (wilaya d'Oum El Bouaghi), Bougtoub (El Bayadh) en plus de celui de Hassi Bahbah (Djelfa) qui est déjà opérationnel.