Le plus grand club omnisports d'Algérie est aujourd'hui contesté par la rue mouloudéenne qui exige le retour au bercail des sections qu'il gère. Cela commence par des revendications et cela pourrait se terminer par une révolution. Depuis quelques semaines, des bruits se font entendre dans les milieux sportifs au sujet de la dualité MC Alger-Groupement sportif des pétroliers. Il faut savoir que le deuxième club a été créé en 2008 avec des sections appartenant toutes au premier. C'est grâce à cela que le GSP s'est retrouvé en train d'évoluer au plus niveau des compétitions sportives en Algérie, alors que la règlementation précise que tout nouveau club doit commencer à jouer au plus bas de l'échelle. Tout récemment, après l'avènement du professionnalisme dans le football, le Club sportif amateur (CSA)-MC Alger a réagi en créant ses propres sections sportives. Mais cela n'a pas suffi à lever les doutes. C'est ainsi que vendredi dernier, à l'occasion de la finale de la Coupe d'Algérie de basket-ball qui a eu lieu à la salle Harcha entre le GS Pétroliers et l'US Sétif, des supporters ne se sont pas gênés de déployer des banderoles sur lesquelles ils avaient écrit qu'ils exigeaient le retour des clubs des sports collectifs du GSP au Mouloudia. «Nos sections sont une partie de notre histoire, pas question de les céder», «Il est temps de récupérer nos couleurs», «Nous sommes mouloudéens pas pétroliers», ce sont les quelques graffitis qui ont été exhibés à la vue du public mais surtout des officiels, dont ceux du GSP, présents dans la tribune officielle. Il faut remonter loin dans l'histoire pour comprendre comment cela est arrivé. En 1977, suite à la promulgation du Code de l'EPS, le Mouloudia d'Alger a été placé sous la tutelle de la Sonatrach par le gouvernement. De Mouloudia club d'Alger (MCA), il a été transformé en Mouloudia des pétroliers d'Alger (MPA). Au Mouloudia d'alors, il y avait quelques sections, le football bien sûr, mais aussi le handball, le baske-ball, le volley-ball et surtout l'athlétisme. On peut dire que de 1977 à nos jours, ce club est constamment resté la propriété de la Sonatrach. Au passage, on fera remarquer que, malgré cette puissante présence financière, ce club ne dispose aujourd'hui même pas d'un centre de regroupement et de formation. Mais cela est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons un jour. Ce qui nous intéresse maintenant, c'est cette histoire des supporters du MCA qui souhaitent voir toutes les sections du GSP revenir sous la coupe de leur club. On ne négligera pas le fait que si en football, elle n'a pas particulièrement brillé depuis 1977, dans les autres disciplines, l'hégémonie du MCA dans sa version «sonatrachienne» a été sans limite. Le Mouloudia a dominé le sport algérien dans tous les domaines durant de nombreuses années, cela est incontestable grâce au soutien de Sonatrach. Cette domination a pris de l'ampleur après 1989, année où le Code de l'EPS a été abrogé, suivi du retrait des entreprises publiques de la prise en charge des clubs. Car si ces entreprises se sont retirées, il n'en a pas été de même de la Sonatrach qui a continué à financer le MCA. Mais en 2008, elle a pris la décision de créer le GSP. Comme elle avait besoin des rester au plus haut niveau de la compétition sportive en Algérie, il était normal qu'elle se serve des sections du MCA. Pour les gens du GSP, les sections ainsi créées n'ont rien à voir avec le Mouloudia, mais ils n'expliquent pas comment leurs clubs se sont retrouvés en train de jouer au plus haut niveau des compétitions alors qu'ils auraient dû commencer par le bas de l'échelle. Les voilà qui se heurtent à la rue mouloudéenne revendicatrice du retour de ces sections dans le giron du MCA. Difficile de croire que ces supporters vont finir par obtenir gain de cause. Le GSP est aujourd'hui un club affirmé qui donne un maximum d'athlètes à toutes les équipes nationales. Un retour en arrière paraît impossible et le MCA va peut-être devoir se résoudre à travailler avec ses propres sections.