Ahmed Ouyahia répond encore une fois à l'opposition, dénonçant le discours qui prend le système en place pour cible, alors que les problèmes de l'Algérie dépassent de loin ce cercle. «Nous parlons, ici, de la mère de toutes les crises qu'est l'économie et non pas le système», a déclaré, hier, le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), lors d'une conférence de presse tenue à Alger. Le patron du deuxième parti du pouvoir, et non moins directeur de cabinet du président Bouteflika, a regretté que «les partis de l'opposition soient occupés à critiquer le système». «Pour tous les problèmes, ils trouvent le moyen de faire le lien avec la ''survie'' du système et sa ''paralysie''», lâche le conférencier, avant d'attirer l'attention sur les défis auxquels fait face le pays, à savoir la chute des revenus en devises, la dévalorisation du dinar et comment y remédier. «Fini le baril à 100 ou 110 dollars. Il faut donc trouver des solutions pour ne pas recourir à l'endettement extérieur», ajoute Ouyahia qui plaide pour «la réhabilitation de la notion de travail». Pour lui, «les Algériens doivent se réveiller de leur sommeil». C'est dans ce sens d'ailleurs que le patron du RND se dit favorable au «relèvement de l'âge de départ à la retraite», à plus de 60 ans, sans pour autant donner de limite exacte. Quoi qu'il en soit, Ouyahia estime que «l'espérance de vie en Algérie s'est améliorée et la CNR doit y faire face sur le plan financier». Le vent de cette crise, reconnaît-il, est certes «difficile», mais, «nous ne perdons pas espoir en les réformes pour triompher sur les professionnels de la parole sans contenu», lâche encore le patron du RND, relançant son appel au dialogue avec toutes les composantes de la scène politique «y compris l'opposition». Un problème de mentalité Mais, a-t-il précisé, à des conditions, notamment «le respect de la Constitution», «le respect des institutions de la République» ainsi que «le respect de la volonté populaire». Quand à ceux qui ne respectent pas ces limites, «nous pouvons rester amis autour de cafés sans plus», a-t-il tranché. Clair, net et précis, le directeur de cabinet de la Présidence réplique aux partis rassemblés au sein de l'Icso qui pointent du doigt le pouvoir en place, à leur yeux «source de tous les maux». Sur sa lancée, d'ailleurs, et à propos de la Haute instance de surveillance des élections dont un projet de loi la régissant a été adopté lors du dernier Conseil des ministres, le SG du RND appelle l'opposition à faire preuve de moins de doute à chaque occasion. «Il y a une progression en la matière», estime-t-il, notant que «le Conseil constitutionnel est désormais obligé d'étudier les recours dans le fond» et «les autorités tenues d'assurer la transparence». Et à Ahmed Ouyahia de se demander «pourquoi dans les pays développés, dans toute l'Europe notamment, c'est le ministère de l'Intérieur qui organise les élections». Pour lui, «il y a un problème de mentalité qu'il faut changer». Comme attendu, en outre, Ouyahia a adressé des fléchettes contre le MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie) et le MAM (Mouvement pour l'autodétermination du M'zab), les accusant de «compromission avec un pays voisin», le Maroc sans le citer. Réagissant enfin au dernier rapport du département d'Etat sur le terrorisme, il critiquera les craintes selon lesquelles l'informel peut constituer une source de financement au terrorisme. «Et le cannabis qui pousse ailleurs et non en Algérie ?», s'est-il interrogé ironiquement.