Sans enjeu, calme et plate, la 5e session ordinaire du Rassemblement national démocratique (RND) qui s'est déroulée jeudi dernier à Zéralda, sur la côte ouest d'Alger, a été surtout l'occasion pour le secrétaire général par intérim du parti et ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia, pour défendre le bilan du pouvoir, charger l'opposition et décocher quelques fléchettes à l'adresse de son frère ennemi du Front de libération nationale (FLN), Amar Saadani. Ahmed Ouyahia se félicite d'abord des résultats obtenus par le RND lors des dernières élections au Conseil de la nation (Sénat) en dépit de l'âpreté de la confrontation au sein de la deuxième Chambre du Parlement avec l'ex-parti unique qui a fait main basse sur les commissions. Bien que se disant avoir l'esprit sportif, Ahmed Ouyahia était visiblement contrarié par la tournure prise par les élections sénatoriales. «Nos résultats sont propres, contrairement à ceux acquis grâce à la chkara (terme en arabe qui indique la corruption par l'argent)», a lâché, devant une assistance tout ouïe, le secrétaire général par intérim du RND qui en dira certainement plus aujourd'hui lors d'une conférence de presse qu'il animera au siège national du parti. Egal à lui-même, son discours à l'ouverture de la session du conseil national du parti sera un chapelet d'éloges de «la gouvernance du frère et moudjahid Abdelaziz Bouteflika», mais sera aussi une série de critiques à l'adresse de l'opposition et de ceux qui démoralisent les Algériens. «Dans les salons, certains se demandent où sont passés les 800 milliards de dollars», a déclaré Ahmed Ouyahia. «Ceux qui ont quitté les bidonvilles pour des logements décents et les ménages dans les coins les plus reculés ayant bénéficié du gaz naturel le savent», répond le secrétaire général par intérim du RND, qui prie Dieu «de prêter santé et longue vie au chef de l'Etat pour continuer à présider aux destinées de l'Algérie». Selon Ahmed Ouyahia, le président Bouteflika, «fidèle au peuple algérien, a tenu toutes ses promesses», aussi bien celles concernant «le développement économique que ses engagements politiques, comme la révision de la Constitution». L'orateur réaffirmera, en effet, son soutien au ministre de l'Industrie et des Mines, militant du RND, Abdesselam Bouchouareb. «Ceux qui s'attaquent à lui, dit-il, sont oisifs». «Nous, nous savons qu'il est un fils de famille, un patriote et nous n'avons aucun doute sur le bon travail qu'il accomplit», ajoute Ahmed Ouyahia qui prend aussi la défense «de la révision de la Constitution qui a bénéficié, selon lui, d'un consensus qui n'englobe pas les partis qui ont boycotté les consultations et qui rejettent même la légitimité du Président qui, pourtant, a été élu et réélu par le peuple algérien». Celui qu'on affuble «d'homme des sales besognes» explique «comment le chef de l'Etat constitue le garant de la stabilité» et donne l'exemple du voisin tunisien qui n'arrive pas à s'en sortir. Ahmed Ouyahia, qui défend l'article 51 du projet de révision de la Constitution concertant la communauté algérienne vivant à l'étranger, soutient que «contrairement au tollé soulevé par la nouvelle disposition constitutionnelle, le texte prend réellement en charge les questions de l'émigration et il est, selon lui, tout à fait normal que celui qui veut postuler à des fonctions supérieures de l'Etat doit avoir uniquement la nationalité algérienne». Mais dans le même discours où il fait l'éloge du bilan du chef de l'Etat, Ahmed Ouyahia a reconnu que le pays traverse une crise due à la chute des prix du pétrole.