Le monde a célébré hier la Journée mondiale des réfugiés. L'Algérie, qui n'est pas un pays pourvoyeur de réfugiés comme la Syrie et non plus un pays d'accueil comme la Turquie, compte près de 98 000 réfugiés, selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR). La majorité de ces derniers, notamment les réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, vivent dans des conditions lamentables. Certains sont exploités alors que d'autres se livrent à la mendicité. Cela au moment où les ONG luttent pour l'amélioration des conditions d'accueil et contre toute forme de discrimination. La section algérienne de l'organisation Amnesty International appelle les pouvoirs publics à protéger les réfugiés qui fuient les situations dramatiques dans leurs pays. «Nous demandons aux autorités algériennes de veiller à ce que la législation garantisse le droit d'être protégé contre le refoulement et garantisse une protection contre l'expulsion, l'extradition, le transfert ou tout autre type de renvoi judiciaire ou extrajudiciaire vers un pays ou un territoire où la personne renvoyée courrait un risque réel de subir de graves violations des droits humains», lance Brahim Mahdid, chargé de communication à Amnesty International Algérie. Joint par nos soins, il souligne que la Constitution algérienne interdit le renvoi forcé de réfugiés politiques mais ne mentionne pas le droit de demander asile. «Elle ne reconnaît pas non plus le doit d'échapper à la persécution et à d'autres formes de graves atteintes, conformément à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés», a précisé notre interlocuteur. Le H-CR, qui relève de l'ONU, a noté l'absence de loi nationale sur l'asile et d'organe national opérationnel chargé de statuer sur les demandes d'asile en Algérie. «Les réfugiés et les demandeurs d'asile n'ont pas accès au marché du travail, ce qui limite leur autosuffisance. Ils sont également vulnérables aux arrestations/détentions et n'ont pas accès à certains droits fondamentaux», regrette le H-CR dans un rapport publié hier. Cette année, la célébration de la Journée mondiale des réfugiés intervient dans un contexte de crise sans précédent. Le H-CR parle de 65 millions de réfugiés et le SG de l'ONU annonce la tenue, le 19 septembre à New York, d'une réunion de haut niveau pour débattre de la problématique des réfugiés, devenue «un enjeu planétaire». Pour l'Algérie, la préoccupation majeure demeure les réfugiés sahraouis installés dans les camps de Tindouf, dont le nombre dépasserait les 120 000 personnes. Les besoins de ces réfugiés sont au centre des préoccupations du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Le représentant de cette agence onusienne en Algérie, Hamdi Bukhari, a annoncé une réunion des pays donateurs le 12 juillet à Genève en vue de soutenir l'assistance humanitaire à ces réfugiés. Cette réunion qui se tiendra avec le concours de plusieurs agences onusiennes, vise à mobiliser le maximum de donateurs et élargir l'espace des bailleurs de fonds, selon le représentant du H-CR en Algérie, qui explique, à l'APS, qu'«un document énumérant toutes les aides humanitaires aux besoins des réfugiés sahraouis sera envoyée à tous les pays sous forme d'appel pour les solliciter à contribuer financièrement à cette assistance humanitaire du HCR». Il a précisé que le besoin exprimé en matière d'aides humanitaires globales dans les camps de réfugiés sahraouis, notamment l'eau, la santé et l'abri, est évalué à 32 millions de dollars, s'alarmant que «seulement 20% de cette somme sont disponibles pour l'année 2016».