La meute est lâchée. Les chroniqueurs du dimanche n'en reviennent pas. Ils tournent en rond, ne savent plus contre qui aboyer et se mordent la queue… Ils s'étouffent, tant il leur est inconcevable d'admettre l'écrasante victoire d'Ahmadinejad. Des voix prétendument autorisées font chorus pour réclamer à cor et à cri des comptes à un pays souverain en s'immisçant – de quel droit ? – dans ses affaires intérieures. Au pays des ayatollahs, Ahmadinejad a remporté démocratiquement, haut la main et sans coup férir, l'élection présidentielle tant attendue par des observateurs occidentaux écœurés par ce véritable plébiscite populaire… Il est vrai que des manifestations – organisées ? Pas très catholique et c'est le moins qu'on puisse dire – ont émaillé les journées post-électorales et relayées par toute une presse occidentale notamment qui a eu à cœur de montrer un Téhéran à feu et à sang. Des manifestations organisées ? Ces manifestations très hautes en couleur et diffusées en prime-time, voire en boucle, en disent long sur les objectifs recherchés par des médias aux ordres qui n'admettent pas qu'un pays considéré par les Bush père et fils comme l'axe du mal, jusqu'à ce qu'Obama remette les pendules à l'heure, ait pu organiser des élections démocratiques. Le fait même que ces médias et leurs maîtres, dont on connaît les liens avérés avec le sionisme international et les intérêts qu'ils partagent avec tous les marchands d'armes et autres complexes militaro-industriels, s'acharnent avec autant de haine sur l'Iran, prouve que ce dernier dérange. Et si Moussavi avait gagné cette élection ? Qu'auraient-ils inventé ? Auraient-ils félicité le nouveau président iranien, sachant que de toute manière cela ne changerait absolument rien puisque le système politique iranien n'a rien à voir avec les systèmes dits conventionnels ? Ignorent-ils encore dans leur incommensurable bêtise que le pouvoir en Iran – et pourtant Dieu sait combien ils utilisent cet argument pour faire feu de tout bois quand il faut casser du mollah – est détenu par le guide suprême qui est le chef de l'Etat et qui est nommé à vie, en l'occurrence aujourd'hui l'ayatollah Ali Khamenei ? Mais que malgré tout, la structure est telle qu'elle permet des contrôles en toute démocratie. Comprendre la structure du pouvoir iranien Ils savent bien que la structure du pouvoir en Iran fait la part belle aux électeurs. Que ces derniers ont tout pouvoir dans le sens où ce sont eux qui élisent le Parlement – tous les quatre ans (290 membres) –, le président (mandat de 4 ans renouvelable une fois, comme c'est le cas avec ce scrutin) et que ce sont aussi les électeurs qui élisent pour huit ans les 88 religieux qui forment l'assemblée des experts. C'est cette assemblée qui a ensuite la lourde tâche de désigner en son sein le guide suprême… L'électeur iranien a donc réellement le pouvoir à la base. Il n'y a rien à y redire. C'est ça la démocratie. Maintenant, il est vrai que sur le terrain, comme partout et en fonction des intérêts des uns et des autres, des clans et des groupes tribaux, si tant est qu'ils existent, manipulent ou essaient de tricher. Mais cela n'autorise pas à crier haro sur le déroulement d'un scrutin dont personne à ce jour n'a pu donner de preuve flagrante de fraude. Juste des présomptions, de pseudo indices assez comiques et surtout une «démonstration de force» avec des manifestations populaires – on avance le chiffre de deux millions, alors qu'il y avait 46 millions d'électeurs inscrits… Où sont donc passés les autres 44 millions d'électeurs ?... Arrêtons ce cinéma ! L'électeur iranien décide seul ! Mais revenons à notre structure du pouvoir des ayatollahs. C'est le chef de l'Etat qui, fort du plébiscite de ses pairs religieux, va nommer à son tour les 12 membres du conseil des gardiens de la révolution. Parmi eux, il y a cette équité formidable que les médias aux ordres ne relèveront jamais : c'est que ce conseil se compose à égalité de six religieux et de six juristes ! Question d'équité… Mais il y a aussi le conseil de discernement où l'influence de Rafsandjani est très grande et qui se compose de 51 membres, lesquels s'ils sont nommés par l'ayatollah arbitrent aussi les différends qui pourraient survenir entre le Parlement et le conseil des gardiens de la révolution s'agissant des lois votées par le Parlement car il peut avoir droit de veto… Etc. Personne ne peut dire que ce schéma n'est pas démocratique, puisqu'à sa base c'est l'électeur, le citoyen qui décide. On peut alors s'interroger sur les raisons de ce tapage médiatique, de la désinformation savamment entretenue et sur la propagande menée autour de cette élection. La haine contre l'Islam après le 11 septembre Le dénominateur qui revient sans cesse et se confirme tel un métronome, c'est cette haine entretenue par certains – trop nombreux – médias occidentaux qui font dans la paranoïa depuis particulièrement le 11 septembre et pour lesquels, tout ce qui s'apparente à l'Islam est un ennemi. A la source de ce sentiment, on retrouve tous ces lobbies, forces occultes, services de l'ombre, acteurs officieux d'officines souvent incontrôlées et qui travaillent tous, peu ou prou à des intérêts supérieurs de nations et multinationales dont le seul objectif est la mainmise sur les richesses du monde et le pétrole en particulier. Un pétrole qui reste le véritable nerf de la guerre pour les décennies à venir et qui est cause tant de maux pour les populations qui ont le malheur d'en avoir dans leur sous-sol. A l'évidence, tous les coups sont permis et les complexes militaro-industriels, générateurs de revenus fabuleux, surtout en cette période de vaches maigres, sont mis à contribution. L'élection d'Avidgor le raciste n'a pas choqué ! Il faut créer des conflits afin de d'instaurer des peurs et vendre. Presque toutes les guerres et conflits ont participé à l'origine de cet axiome si cher aux Bush et autres va-t'en guerre. Mais nous n'irons pas jusqu'à décortiquer ce que tous les observateurs avertis connaissent depuis toujours comme évident. Alors, pourquoi un conseiller comme Henri Guaino, un collaborateur très spécial de Sarkozy – dont la tâche est théoriquement de conseiller son chef et non pas de commenter – se croit-il en droit de juger que «la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'était une bonne nouvelle pour personne ?» Pourquoi l'élection du sinistre Advigor Lieberman n'a-t-elle pas inquiété les cercles rapprochés de Sarkozy et soulevé un tollé ? Evidemment, le Crif veille au grain ! Et l'hérésie israélienne est passée comme une lettre à la poste quand bien même un gouvernement d'extrême droite avec le raciste Lieberman comme chef de la «diplomatie» d'un pays voyou, aurait dû choquer le pays des droits de l'homme… Des commentaires indécents Ahmadinejad, n'en déplaise à ses détracteurs, est élu démocratiquement – eh oui, ces valeurs existent aussi en Iran ! – par 63% des 46 millions d'électeurs. Cela s'appelle un plébiscite. Comme ce fut le cas en Algérie, il n'y a pas bien longtemps. Et pour Sarkozy aussi, je crois avec ses 53% et une participation de 85% de votants, si j'en crois la presse bien pensante… Pourquoi ne pas s'abstenir de commentaires gratuits, surtout quand il s'agit d'un tel évènement et d'un pays aussi important sur l'échiquier mondial ?… A moins d'un ressenti biliaire… Mais soit, ce fut un tel bouleversement pour tous ceux qui détestent l'Islam et désespèrent de voir que le monde évolue ! Un séisme politique qui fait prendre conscience à l'Occident qu'il doit partager et surtout compter avec des pays encore considérés avec arrogance, condescendance et paternalisme. Se débarrasser de ses œillères Pourtant, le résultat était attendu, pour peu que l'on se débarrasse de ses œillères. Seuls ceux, qui comme vous espéraient et rêvaient de toutes leurs forces un «miracle» furent déçus. Il suffisait de savoir qu'en Iran, Ahmadinejad est très populaire. La grande majorité des Iraniens lui sont totalement acquis car il défend des valeurs nobles et morales. C'est aussi… un laïc, figurez-vous. Au pays des ayatollahs, ça surprend, n'est-ce pas ? Et pourtant… Mais c'est aussi un ancien «Pasdaran», ces fameux «gardiens de la Révolution» si puissants en terre persique. Il est également le chouchou du guide de cette même révolution, l'ayatollah Khamenei ! Comment aurait-il pu ne pas gagner, haut la main cette élection, lui qui, en tant que président de la République islamique d'Iran, a préféré, aux fastes des palais présidentiels – une petite leçon d'humilité, en passant – sa modeste demeure dans un quartier populaire de la banlieue de Téhéran où il vit avec sa femme, ses trois enfants, contrairement à tous les présidents français qui rêvent de dormir sous les lambris dorés de l'Elysée ? La révolution colorée n'a pas marché Le peuple ne se trompe jamais. Les partisans de Moussavi, formés surtout par la petite minorité bourgeoise de Téhéran, n'ont pas réussi malgré leur ralliement à grands coups de twitter et face-book – on n'arrête pas le progrès –, leur «Révolution verte», très probablement «importée». Cette méthode occidentale de «déstabilisation» pratiquée pour tenter d'influer des scrutins sous d'autres cieux et que l'on nomme ingénument «révolutions colorées» est désormais obsolète… Cette élection fut hautement démocratique car jusqu'à la dernière minute, tous les «observateurs de salon» avaient cru en cette «Révolution verte». Alors pourquoi refuser la volonté du peuple iranien ? Elle ne convient certes pas ! Pas plus d'ailleurs que celle du Hezbollah libanais et encore moins celle du Hamas palestinien. Ahmadinejad, l'ennemi juré du sionisme Ahmadinejad n'a d'ailleurs nullement été affecté et il a sereinement fait la queue au milieu des électeurs durant 45 minutes pour voter… On peut crier à la démagogie. Soit, mais aucun chef d'Etat au monde ne l'a jamais fait ! Il fallait oser… Avant le scrutin, tous les chroniqueurs squatteurs de plateaux misaient sur Moussavi, car il fallait surtout éliminer l'ennemi inconditionnel du sionisme international. Ainsi, inconsciemment, ils reconnaissaient le côté démocratique de ces élections puisqu'ils ont joué le jeu en pariant contre Ahmadinejad. Les cohortes d'envoyés très spéciaux seulement à Téhéran – or Dieu sait si le territoire iranien est immense – avaient pour unique mission d'interviewer les «opposants à Ahmadinejad». Cependant, les partisans du président sortant, on ne les voyait jamais. Ils étaient pourtant des milliers à lui manifester leur soutien… Une pratique très en vogue dans les rédactions occidentales. Deux poids deux mesures, comme d'habitude ! La scandaleuse fraude de Bush contre Al Gore Mais pourquoi alors tous ces bien-pensants n'ont-ils jamais crié haro lorsque de vraies fraudes électorales étaient découvertes et ont scandalisé des électeurs spoliés de leurs voix ? Sont-ils à ce point amnésiques ? L'élection qui a permis à Bush junior d'occuper la Maison-Blanche en 2000 est à mon sens l'un des plus gros scandales du siècle ! Al Gore, le candidat rival, malgré ses milliards, a été prié de dégager manu militari, même si on a mis des mois à tergiverser et à recompter bulletin après bulletin des résultats dignes qui ont été validés par une cour acquise à Bush… Cette pratique mafieuse s'est faite au vu et au su du monde entier mais personne ne l'a condamnée. Parce qu'elle s'est déroulée dans un pays démocratique ? George W. Bush a été investi sous les huées de la foule, ne l'oublions jamais, alors arrêtons, de grâce, on n'est plus à Hollywood ! Et en Russie, l'élection de Medvedev, malgré les manifestations, protestations et autres échauffourées ? En Géorgie, la fameuse révolution orange dont les Géorgiens paient encore le prix fort ? En Moldavie récemment avec cette autre révolution à peine colorée… Et même en France, où de nombreux scandales ont émaillé de nombreux scrutins, pourquoi ne met-on pas en avant l'affaire de l'ex-maire de Paris, Tiberi, pour ne pas le nommer ? Il doit donc y avoir un problème. Le jugement occidental est toujours partial s'agissant de pays qu'il déteste. Mais comme il nous en a habitués, Ahmadinejad n'en a cure, fort de son plébiscite populaire et de la puissance de l'Iran, un pays pacifique – n'en déplaise à tous les apprentis sorciers – et qui mène sereinement sa révolution, dans l'intérêt de son peuple. Obama sait qu'il doit compter sur Téhéran Obama l'a bien compris lui. Il a courageusement «tourné la page» et tendu la main aux dirigeants iraniens, souhaitant un dialogue franc pour des relations sincères. Hussein Barak Obama a même été jusqu'à reconnaître et regretter, récemment, l'intervention américaine dans les affaires intérieures de l'Iran. Et si Joe Biden a exprimé des doutes sur les résultats du scrutin, il a néanmoins précisé que «les Etats-Unis doivent accepter les résultats officiels donnant la victoire à Ahmadinejad». Ainsi, on a beau être vice-président des Etats-Unis, on n'échappe pas tout à fait à la propagande si haineusement orchestrée par l'Occident contre l'Iran et ses dirigeants et particulièrement Ahmadinejad qui provoque, il est vrai, plus que de coutume, ses adversaires. Mais tout est affaire de politique. Ainsi par exemple ses attaques contre Rafsandjani, au demeurant un homme d'affaires très puissant, ayant secondé Khomeiny, et actuellement président du conseil de discernement et conseiller de Khamenei, le guide de la révolution sur les sujets de politique nationale. S'attaquer à un tel personnage en Iran cela veut dire beaucoup de choses que les pseudo experts de salon ne peuvent pas décrypter. Les chroniqueurs pris à contre-pied C'est d'ailleurs sans doute le fait que Rafsandjani, «brillant» homme de l'ombre et diplomate avéré, soutenait la candidature de Moussavi qui a feinté tous les chroniqueurs de salon du dimanche. Ahmadinejad est trop fort. Il a réussi à mettre de côté deux rivaux dangereux et même à les éliminer complètement du champ politique iranien. Le modeste fils du forgeron, arrivé à la force du poignet, n'a pas craint de s'attaquer à des gens influents et affairistes milliardaires. Ce fut d'ailleurs l'un de ses arguments de campagne et si l'économie va mal, comme ses détracteurs le lui reprochent, c'est justement parce que des rapaces gravitent encore autour du système politique iranien et en profitent, au détriment du peuple iranien et de sa paysannerie. Les Etats-Unis, mus par leurs intérêts, ne peuvent que poursuivre avec l'Iran le dialogue. C'est un passage obligé pour Obama, car l'Iran est au centre d'une région de conflits qui concernent directement Washington qui ne s'en sortira que si Téhéran est associé à sa résolution. Netanyahu évoque un Etat palestinien Qu'importe alors la voix et les réactions de l'Europe atlantiste ? Peu de choses en vérité. L'Europe vassale compte pour du beurre. Les cris d'orfraie serviront quand même à alimenter le moulin à vent d'Israël dont Netanyahu a fait hier une nouvelle démonstration, même s'il reconnaît, enfin, implicitement la création d'un Etat palestinien. A l'évidence, cette sortie du chef du gouvernement extrémiste israélien, comme la visite de son diplomate en chef lundi au siège de l'Otan à Bruxelles, démontrent bien que Tel-Aviv a intérêt à bouger. C'est aussi une conséquence directe de la réélection d'Ahmadinejad qui sera une pièce importante – quoi que prétendent les dirigeants d'Israël – dont il faudra tenir compte dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Les spécialistes de la propagande occidentale et leurs médias mensonges ne pourront rien y faire car les Palestiniens savent que ce ne sont malheureusement pas leurs frères arabes repus de pétrodollars qui les sortiront de 60 ans de calvaire mais bien des dirigeants de la stature d'Ahmadinejad. Netanyahu a assorti de conditions inacceptables sa proposition de paix et la création d'un Etat palestinien, comme celle de contraindre les Palestiniens à reconnaître Israël comme un Etat «juif» ou Jérusalem comme capitale de ce même Etat. Netanyahu persiste à gagner du temps et à se moquer du monde et d'Obama en premier. Et l'on aurait aimé que nos médias exigent des sanctions contre le gouvernement israélien qui écrase encore Ghaza sans émouvoir personne ! Tout ceci est pitoyable… Mais les termes «Etat palestinien» jamais prononcés sont sortis de la bouche du Premier ministre israélien. C'est un premier pas. Gageons que grâce à Ahmadinejad, les dirigeants sionistes réaliseront qu'il faut désormais compter pas seulement avec les Etats-Unis mais avec le reste du monde. Et qu'ils feront non plus un pas mais un saut… On comprend mieux pourquoi dans certains milieux occidentaux, la victoire éclatante du fils du forgeron passe en travers de la gorge.