Les Britanniques ont répondu jeudi à la question shakespearienne «to be or not to be» Ils ont décidé d'«être». Au Royaume-Uni. Pas en Europe. Sous la bannière de «Union Jack» car le drapeau de l'UE est «hideux» pour reprendre les propos de Nigel Farage, fervent défenseur du «Brexit» qui n'a pas caché son émotion avant même l'annonce des résultats finaux, hier matin vers 6h. Près de 52% des Britanniques se sont en effet exprimés en faveur d'un retrait, le camp du «Leave», favorable à la sortie du Royaume-Uni de l'UE, l'a emporté avec 51,9%, contre 48,1% pour le «Remain», camp pro-européen. Un moment historique qui a tenu en haleine, tout le long de la nuit de jeudi, non seulement les pro «Brexit» et les Bremain (les partisans du maintien du Royaume-Uni dans l'UE) mais aussi toute l'Europe, particulièrement les dirigeants, comme le président François Hollande ou la chancelière allemande Angela Merkel, qui ont «défendu» le projet de leur «allié» David Cameron. A 22h (heure algérienne), heure de fermeture des bureaux de vote, une enquête en ligne de l'Institut Yougov donnait pourtant le camp du maintien (Remain) vainqueur avec 52%, contre 48% pour les partisans d'une sortie du Royaume-Uni de la Grande-Bretagne (Brexit). Les tendances commençaient à se renverser un peu tard dans la soirée, vers 2h du matin lorsque la ville de Sunderland, dans le nord-est de l'Angleterre, a créé la surprise en se prononçant nettement plus fortement que prévu en faveur d'un divorce avec l'Union européenne. Ceci même si Londres avait voté avec une majorité écrasante pour le maintien (75%). L'Angleterre a donc basculé pour le Brexit, tout comme les pays de Galles, ce qui est une énorme surprise, alors que l'Irlande et l'Ecosse voulaient rester européens. Conséquence directe de ce vote «sanction», la démission prochaine de David Cameron, lui qui avait assuré ses collègues de l'UE que les Britanniques allaient opter pour le maintien lorsqu'il avait décidé de soumettre la proposition au vote. Prenant acte du résultat du vote, il a annoncé hier matin son intention de démissionner de ses fonctions de Premier ministre pour laisser à un autre le soin d'engager les négociations de sortie de l'Union européenne. «Les Britanniques ont pris une décision claire (…) et je pense que le pays a besoin d'un nouveau leader pour prendre cette direction», a déclaré Cameron, précisant qu'il resterait en place jusqu'à l'automne et la désignation d'un nouveau leader par son Parti conservateur lors de son congrès en octobre. Nigel Farage, leader du Ukip, parti eurosceptique, jubile quant à lui : «Nous laissons derrière nous une Union européenne défaillante. Nous pouvons maintenant rejoindre le monde en tant que pays indépendant», s'est-il félicité dans un discours. «L'Union européenne est mourante et nous avons fait tomber un mur. Après nous ce sera le tour des Pays-Bas, de la Grèce, de l'Italie, peut-être même de la Suède», prédit-il. Quant aux dirigeants européens, ils sont sous le choc. D'autant que les nationalismes des autres pays commencent à se manifester et à réclamer carrément des référendums à l'anglaise. C'est le cas en France, notamment. Les conséquences économiques ne sont pas en reste puisque les plus grandes places boursières ont été secouées par ce «séisme». Avant même l'annonce des résultats, la Bourse de Tokyo s'est effondrée de près de 8% et la devise britannique est tombée à 1,33 dollar, son plus bas niveau depuis 1985.