Comme à l'accoutumée, les Algériens s'y prennent à la dernière minute pour retirer leur argent ou faire leurs achats de l'Aïd. Du coup, c'est la confusion dans les agences postales, dans les stations d'essence et dans les marchés de la capitale à 48 heures de l'Aïd El Fitr. Dans les deux stations de Saint-Gorges à Alger-Centre, les automobilistes attendent depuis 9h du matin. «C'est complet partout», lance un habitant d'El Biar qui attend son tour. Il dira que c'est depuis dimanche soir qu'il cherche une station vide. En vain. «On dirait que tout le monde attend la veille de l'Aïd pour faire le plein d'essence», dit-il avec un sourire. Mais le plus absurde, ajoute-t-il, «c'est qu'on voit même des véhicules immatriculés à Bouira ou à Boumerdès. Ainsi, les stations connaissent automatiquement plus d'afflux». Pourtant, a-t-on appris sur place, la pénurie de gasoil n'a pas été signalée, cette fois-ci, mais n'empêche que les lieux sont bondés de monde. Un automobiliste, coincé dans les embouteillages causés à l'entrée de cette même station-service, s'indigne et dénonce : «Il y a des centaines de stations à Alger, qui ouvrent même le premier jour de l'Aïd, mais les citoyens s'affolent et créent toute une agitation qui bloque en fin de compte tout le monde.» Même topo dans les bureaux de poste. Les guichets étaient pris d'assaut par les clients d'Algérie Poste avons-nous constaté, hier, lors d'une tournée à Didouche-Mourad, rue d'Isly et Meissonier. Le rush enregistré chaque année sur ces établissements financiers est plus accentué cette fois-ci, car la fête de l'Aïd El Fitr coïncide avec la célébration du 54e anniversaire de l'Indépendence. C'est un long week-end férié qui s'offre aux Algériens, raison pour laquelle, selon des guichetiers, ils viennent par milliers retirer leur argent chaque soir depuis la dernière semaine du mois de Ramadhan. «Nous ouvrons chaque soir à partir de 21h pour répondre à la demande de nos clients, en plus des services assurés la journée», nous dit-on à la Grande Poste. Sur place, le manque de liquidités n'a pas été signalé, mais c'est surtout la lenteur du service qui irrite les citoyens. Ces derniers attendent, en effet, des heures et des heures pour accéder aux guichets. Il est 11h50 lorsque nous arrivons à la recette principale. Nous avons tiré un ticket portant le chiffre 800, alors que le tour était au n° 346. Selon des clients rencontrés sur place, il faudrait en moyenne une heure, voire plus pour arriver au guichet. «Je suis ici depuis 9h ; il y avait déjà 200 personnes avant moi. Il est bientôt midi et je ne suis toujours pas passée», s'indigne une retraitée. Pis encore, sur l'ensemble des guichets, seuls quatre sont opérationnels pour tous les services : renseignement, retrait et demande d'avoir. Bien que l'affluence que connaît cette agence postale y est pour beaucoup, mais l'attente se fait amplement ressentir en ces dernières 48h avant la fête de la Aïd et du 5 Juillet. Seuls les Distributeurs automatiques de billets (DAB) répondent à l'afflux des clients d'Algérie Poste. Mais là encore, les citoyens s'irritent. Des files de plusieurs mètres se forment petit à petit derrière ces petits appareils. «Si c'était plus rapide au niveau des guichets, il n'y aurait pas eu cette attente au niveau des DAB», se plaint un des citoyens qui attend son tour. Rush vers les marchés Le début du Ramadhan, comme sa fin sont décidément marqués par le même rush des citoyens pour faire leurs achats. «Je n'ai pas eu le temps pendant la semaine. Il a fallu que je m'absente aujourd'hui pour faire les courses pour le repas de l'Aïd», témoigne un père de famille. Pour les vêtements de ses enfants, ce dernier avoue avoir commandé quelques articles sur des sites internet qui livrent à domicile. «Pour tous les soirs des derniers jours du Ramadhan, les magasins de vêtements étaient bondés de monde. Il était impossible d'en acheter, j'ai donc opté pour le Net», dit-il. C'est dans cette ambiance d'agitation et d'irritation par moment que les Algériens vivent les derniers jours du mois sacré. Le calme sera de retour à partir de la semaine prochaine, qui sera le début des vacances d'été.