Dur, dur est le chemin menant à la normale. Tous les repères sont encore dans le flou et l'on essaye tant bien que mal de retrouver les esprits… Et, serait-ce un mal que d'avoir à l'esprit la fête de l'Indépendance du pays ? Cette année, le 5 Juillet n'a pas été au top. Perturbée par un mois de calvaire, jouant les prolongations jusqu'au 30e «sans tout», la fête nous aura laissé sur notre faim et, en sus, un chat en travers de gorge... Le chat dans la gorge, la toux et le malaise ? Un historien et journaliste franco-américain qui s'est approprié notre «Bataille d'Alger» en accouchant d'un «Ma bataille d'Alger» plutôt avilissant ! Le bouquin, sorti en 2007 et traduit en français récemment, a été ramené par un cousin de «là-bas chez nous», venu passer les fêtes. Lues curieusement, histoire de tuer le temps, les 360 pages du Ted Morgan sont encore en travers de la gorge. C'est qu'il accuse certains de nos combattants, encore en vie, d'être des moins que rien, voire même plus ! Pour avoir côtoyé les paras français lors de son service militaire, le journaliste affirme et dans les détails que Yacef Saâdi et Zohra Drif s'étaient rendus très vite, et sans résistance, alors qu'ils avaient dix minutes pour le faire. Ensuite, il est écrit que : «Yacef Saâdi a donné la cachette, dans La Casbah, où se trouvaient Ali La Pointe, Hassiba Ben Bouali, Mahmoud Bouhamidi et Petit Omar (…). Quand on lit pareille «littérature», c'est le passé de certains qui en prend un coup. Les faits rapportés par ce troufion, ayant trouvé le moyen de rentabiliser son «service» par l'écrit, ne méritaient-ils pas, depuis le temps, un démenti, un correctif (à défaut d'une bonne correction…) de la part des concernés ? Ou était-ce un épisode de plus à la longue quête visant à réécrire une Histoire donnant enfin aux vrais et véritables résistants, encore anonymes, la place qui leur revient ?… Un épisode qui rappelle étrangement celui qui avait alimenté la chronique après les révélations d'un fonctionnaire de la justice, bien Algérien cette fois-ci, en 2000. Le Mellouk, en question, avait dénoncé l'existence de centaines de faux moudjahidine, en fonction. Depuis, motus et bouche cousue sur une Histoire qui nous concerne pourtant tous, et pas qu'un «boy», né d'une mère américaine et d'un père français. On est scotché, bien que circonspect. Et outre, le chapitre consacré à Yacef Saâdi et ses infortunés compagnons, c'est le reportage de guerre «à l'américaine» qui nous a interpellés. Avec la crudité et la franchise inhabituelles sous des plumes françaises, il raconte comment il a fini par tuer de ses propres mains un «rebelle» et comment, envoyé par Massu pour travailler à la rédaction d'un périodique de propagande de l'armée coloniale, il assiste aux mensonges, trahisons, tortures et manipulations. Ceux «qui nous veulent du bien» n'ont pas dû apprécier. Et, nous autres qui étions encore sous une chape de plomb de 30e jour de Ramadhan, un 5 Juillet ? Encore plus rebelles, on a fini par se mettre un chat dans la gorge, refusant de lui confier la langue. On tousse car la potion amère d'un Morgan, ou autre, ne passe plus. L'Algérien n'ayant pas pu et n'ayant pas vécu cette guerre, puisque pas ou juste né à l'époque, tousse en plein juillet d'indépendance et la quinte rend mal à l'aise en 2016. Pour que la toux cesse, pour retrouver une joie de vie propre aux fêtes nationales, il est peut-être temps que les Yacef, Zohra et autres, libèrent leurs voix aériennes. Nul besoin d'une opération des amygdales, il n'est qu'à nous parler vrai ! On leur en saura gré et l'avenir sourira alors au futur, à conjuguer pour de vrai…