C'est fait. La proposition de classement du site archéologique Azru Imeyazen comme bien culturel local a été approuvée à l'unanimité, il y a quelques jours par les membres de la commission de wilaya de classement des biens culturels et historiques. On a appris que le dossier portant proposition au classement de ce site sis du côté sud du village Tarihant, dans la commune de Boudjima, à 25 km au nord de Tizi Ouzou a été déposé le 28 juin dernier auprès de la commission compétente. Selon un communiqué émanant de la directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, «cette approbation vient enrichir la liste de l'inventaire des biens classés qui comporte désormais 26 sites et monuments historiques, archéologiques et culturels». On ajoute dans le même document que la démarche s'inscrit dans le cadre de la «préservation du patrimoine culturel matériel et immatériel dans toute sa richesse et sa diversité à travers tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou», comme on apprend à la même occasion, a-t-on signalé que d'autres dossiers portant propositions de classement de deux autres bâtisses, à savoir la maison des frères Khorsi à Beni Douala et l'ancien hôpital de Aïn El Hammam, sont actuellement en phase de finalisation à la direction de la Culture. Une histoire des plus riches Azru Imeyazen (Rocher des penseurs ou des sages) est un abri sous roche qui contient des peintures rupestres remontant à la préhistoire, selon des études archéologiques. Il s'agit d'un énorme rocher situé à environ 1500 m au sud du village de Tarihant. Il a été découvert par Bordes en juin 1965 alors qu'il était enseignant à Boudjima. Il avait réalisé plusieurs prospections dans cette région qui comprend d'autre abris (cinq au total) protohistoriques dont Azru T'zizwa, au nord, Azru Allal, Tamda u Qelwac, Azru Uzaghar. Le site d'Azru Imeyazen se divise en deux abris. Le premier mesure 13 mètres de long, 3m de haut et 2,5m de profondeur. Le second, de forme ovalaire, mesure quant à lui 8m de long sur 5m de hauteur et 1m de profondeur. Le site abrite des peintures très nombreuses dont des «silhouettes humaines et ithyphalliques, une scène de chasse, des silhouettes animales, des dessins énigmatiques et des inscriptions libyques semblables au Tifinagh». Ce site a été même, et jusqu'à une époque récente, «vénéré et des cérémonies de la fête de la pluie s'y déroulaient à chaque fois que la sécheresse menaçait l'agriculture et la vie des hommes. Il était aussi un lieu de rencontre des sages d'une partie des villages des Ath Waguenoun afin de régler leurs différends d'où son nom d' Azru Imeyazen (Le rocher des sages)». Selon les historiens, «au nord du village se situent des vestiges historiques : des ruines d'un village où l'on distingue des pierres taillées à la manière romaine. Il s'agit d'un village nommé Takvilt (ancien nom de Tarihant) avec une entrée appelée les portes de Mach Kfal, s'agit-il de Mas Kval ?, parfois prononcé Kva, nom d'un site au sud de Takvilt (Takhamt Neldjir aujourd'hui). Takvilt possède une Kelaâ (forteresse) et Lafayer (sentinelle) comme l'affirme un vers ancien : celui qui veut habiter un palais, la forteresse est à Garura (un lieu de Takvilt). Après de multiples invasions par Iflissen (phéniciens) et un glissement de terrain, les habitants de Takvilt avaient déménagé pour se rendre à Aït Aïssa Mimoun et Blida». On ajoute que «Takvilt s'était vidée, puis arrivèrent trois frères : Moussa Ouali, Kaci Ouali et Yahia Ouali. D'après les dires, ils avaient tué un sultan et pris la fuite pour se réfugier à Tarihant. Ils sont appelés aussi les Aït Vouseltan, d'où certains habitants aujourd'hui portent le nom de Seltani. Ces trois frères s'y installèrent (à côté d'un arbrisseau, appelé la myrthe ou Tarihant en kabyle) et fondèrent leur maison. Puis arriva Meziane N'Aït Meziane pour renforcer les Oualis. Aujourd'hui Moussa Ouali, Kaci Ouali et Meziane N'Aït Meziane ont fondé le peuple du village Tarihant. Yahia Ouali a fondé les deux villages voisins de Takhamt Neldjir et Tissegouine».