Le terrain sur lequel a été érigé à Seddouk Oufella le mausolée de Cheikh Belhaddad, un des héros de l'insurrection de 1871, sera exproprié afin de permettre sa prise en charge par l'Etat, indique la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa. L'opération d'expropriation qui sera conduite par les services de la réglementation de la wilaya permettra de transférer dans un premier temps la gestion à la wilaya de la sépulture, avant de la confier définitivement au département du ministère de la Culture, souligne la même source. La gestion était jusque-là impossible sur le plan juridique en raison de la nature privée du terrain d'assiette. Réalisée en 2009 sur un terrain appartenant aux descendants de la famille Belhaddad qui en ont fait don, la tombe du célèbre chef du soulèvement populaire contre l'invasion française a coûté la bagatelle de 210 000 000 DA. L'édifice qui n'a rien à envier aux grands centres culturels, en plus d'abriter les tombes de Cheikh Belhaddad et de ses deux fils Laziz et M'hend, renferme également, des salles dédiées à la lecture, une bibliothèque ainsi que des salles d'exposition. Mais le manque d'entretien et l'état d'abandon dans lequel se trouve le monument en raison d'une absence de statut clair qui définit sa tutelle, l'a réduit à sa plus simple expression. Les nombreux visiteurs de ce mausolée, qui est devenu au fil des ans un véritable lieu de pèlerinage pour de nombreux adeptes en quête de «baraka» du Cheikh, s'accordent tous à dire qu'il est livré à son triste sort. «La bibliothèque qui est censée contenir des ouvrages retraçant l'épopée du vaillant Cheikh ne renferme que quelques livres», affirme un citoyen du village. Cette situation d'abandon profite à une faune de «commerçants» qui écoulent à même les lieux des cassettes, des CD ainsi que des objets sans grande utilité, ajoute notre interlocuteur. Ce lieu de culture avait connu beaucoup de péripéties depuis son édification et son administration était totalement décousue en raison d'un statut que se disputent la direction de la culture et la direction des équipements publics. Le directeur qui a été installé à sa tête, devant le déficit criard en moyens, a fini par jeter l'éponge en 2012. Même l'association Cheikh Belhaddad qui assurait une responsabilité morale sur le mausolée s'est retirée de sa gestion. Interrogés sur l'intérêt manifeste des pouvoirs publics quant à la prise en charge de ce bâtiment qui symbolise le combat contre le colonialisme, les habitants de Seddouk Oufella souhaitent simplement que, cette fois-ci, l'engagement des autorités à prendre en main les destinées de ce lieu de culture est bien réel, car «c'est la seconde fois en effet en une année qu'est annoncée cette décision qui tarde à se concrétiser», déplore un citoyen du village.