Connu sous le nom de «vaccin meurtrier», le vaccin Pentavalent a été injecté à deux nourrissons avant leur décès à quelques minutes d'intervalle dans une clinique privée à Rouiba, Alger. Agés tout deux de deux mois, les victimes (un garçon et une fille) ont rendu l'âme quelques instants seulement après avoir été piqués. Selon certains médecins spécialistes contactés, les enfants auraient pu faire une réaction allergique. «Il existe deux types d'allergie. L'une apparaît 48 heures après la vaccination et une autre immédiatement après l'injection. Il est possible, donc, que les deux victimes aient eu une réaction sévère», explique un médecin pédiatre de l'hôpital Mustapha Bacha. Cependant, notre interlocuteur, n'écarte pas l'hypothèse d'une mauvaise conservation. «Les vaccins ont probablement été conservés dans de mauvaises conditions, il ne faut pas écarter cette hypothèse», dit-il. Ce vaccin, dit combiné, protège contre cinq maladies : diphtérie, tétanos, coqueluche, hépatite virale B et infection à Haemophilus influenzae B. Il doit, selon les instructions de la Direction générale de la prévention et de la promotion de la santé, «être conservé dans le réfrigérateur à une température comprise entre +4°C et +8°C. Il ne doit pas être congelé». Dans le dernier calendrier national de vaccination du 24 mars 2016, il est indiqué noir sur blanc que le flacon entamé doit être administré à l'âge de 2 mois, suivie de deux doses de rappel à 4 et 12 mois. En outre, «les enfants assujettis au nouveau calendrier national de vaccination sont tous les enfants nés à partir du dimanche 24 avril 2016», lit-on dans cette instruction ministérielle dont nous détenons copie. Toutefois, au-delà du mode d'utilisation et de conservation qui «probablement» n'a pas été respecté sur les deux victimes de Rouiba, le vaccin lui-même a soulevé par le passé moult réactions des spécialistes. Ces derniers ont carrément interdit la validation du Pentavalent pourtant homologué par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui en a même fait la promotion. Tandis que l'organisation humanitaire, Union démocratique des peuples, a de manière musclée tiré la sonnette d'alarme et dénoncé que des nourrissions sont morts et d'autres ont eu la santé gravement endommagée. Il a tout de même été introduit en Algérie ce mois d'avril. «Les services de pédiatrie ainsi que les cliniques et les établissements de santé disposent tous de ce vaccin», nous confirme une source de la Pharmacie centrale des hôpitaux. 5 cliniques privées averties Suite au décès des deux nourrissons, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a immédiatement réagi par le biais d'un communiqué de presse, annonçant l'ouverture d'une enquête. Une équipe d'experts a été dépêchée sur les lieux afin de «mener les investigations épidémiologiques nécessaires». Selon le département de Abdelmalek Boudiaf, les premiers résultats font ressortir que les deux cas de décès «n'ont aucun lien avec le vaccin et qu'une autopsie a été ordonnée à l'effet de déterminer les causes exactes ayant entraîné ces deux décès. Les conclusions seront ultérieurement rendues publiques». Par ailleurs, une source sécuritaire nous indique que l'enquête d'investigation lancée déjà dans les pharmacies des 48 wilayas s'est élargie au niveau des cliniques privées depuis l'annonce du décès des deux nourrissons. Cinq d'entre elles ont reçu un avertissement pour «non-conformité aux normes d'hygiène». Il s'agit de deux laboratoires d'analyses et trois cliniques privées dont notre source indique seulement qu'elles sont situées au centre du pays sans citer leurs noms.