Le gouvernement tablait, pour 2016, sur un taux d'inflation qui ne dépasserait pas 4% et une croissance économique hors hydrocarbures de 4,6%. Ces prévisions sont, malheureusement, inversées puisque l'inflation a grimpé plus que prévu tandis que la croissance est en régression. Le regain de l'inflation et la faiblesse de la croissance économique hors hydrocarbures sont des données qui risquent de pousser le gouvernement à revoir sa copie. Selon l'Office national des statistiques, le rythme d'inflation annuel a grimpé à 5,2% en juin alors que la croissance économique hors hydrocarbures, pour le premier trimestre, est en baisse pour se situer à 3,8% contre 5,1% au même trimestre 2015. La tendance ne risque pas de changer de sitôt car les changements dans les structures de production n'ont pas été effectués et la dépréciation de la monnaie nationale reste non maîtrisée. Le professeur d'économie, Mohamed Cherif Belmihoub, s'attend, en revanche, à de «nouvelles hausses» du taux d'inflation dans les prochains mois. Cette augmentation, explique le professeur, est tirée en partie par la dépréciation du dinar. «C'est le facteur déterminant de cette hausse», a-t-il souligné. Elle est entraînée également par la non-réalisation du taux de croissance comme prévu dans la loi de finances 2016. Il explique la faiblesse du taux de croissance par la décision du gouvernement de limiter les importations pour certains produits. En effet, le gouvernement a décidé de faire des restrictions dans l'importation de certains produits comme le rond à béton et le ciment, sans garantir la disponibilité d'une offre conséquente sur le marché. Une limitation qui s'est vite répercutée sur les projets de construction qui ont enregistré un ralentissement au cours des derniers mois. «Certains chantiers ont enregistré des arrêts de plusieurs jours voire plusieurs semaines», a déploré Mohamed Cherif Belmihoub. A terme, «la décision de limitation des importations aura un impact sur la croissance économique». Depuis le début de l'année, ajoute l'économiste, «le gouvernement n'a rien fait pour encourager la croissance économique». Car, explique-t-il, les restrictions des importations décidées pour encourager la politique de substitution ont concerné uniquement des produits de consommation finale et des inputs. Faible production L'expert fera remarquer également que les prix des produits agricoles frais ont connu des hausses, alors que ce sont des fruits et légumes de saison. Cette situation est justifiée par la faiblesse des rendements imputée, de son côté, à la faiblesse de la pluviosité. La limitation des importations de certains produits agricoles a provoqué une orientation de la consommation vers la production locale, qui demeure faible par rapport à la demande. Au rythme actuel de consommation, il s'attend à «un ajustement du pouvoir d'achat», dans les prochains mois. En effet, l'augmentation des salaires décidée dans les années précédentes n'a pas été en adéquation avec les capacités de production, ce qui entraînera, à l'avenir, des changements en termes de consommation. «Le pouvoir d'achat nominal ne trouve pas de contrepartie sur le marché national». En plus clair, la structure de production n'a pas connu de changements conséquents pour accompagner la hausse des salaires. Dans une précédente contribution, l'expert Abderrahmane Mebtoul a alerté sur les conséquences de la hausse de l'inflation. Il a fait observer que «l'inflation accélère les revendications sociales pour une augmentation des salaires qui, à leur tour, en cas de non-productivité, accélèrent l'inflation». Le processus inflationniste, note-t-il, est à la fois «la dévaluation rampante du dinar et la dominance de la rente des hydrocarbures». Parmi ses causes, «la dominance de la sphère informelle qui produit des dysfonctionnements des appareils de l'Etat».