Assister à un procès d'un journaliste, même ancien ou ex, ne pose en soi aucun problème durant les débats. Mais écouter un confrère détenu pour un grave délit réprimé par nos lois spéciales complémentaires au code pénal, n'est pas gai du tout. Et c'est à ce moment-là que notre sympathie pour la justice se dissout... Douloureusement, Mehdi M., quarante-cinq ans, ancien journaliste de l'APS, est debout au box pour répondre d'un grave délit prévu et puni par l'ordonnance 31-41-97/06 (délaissement d'une arme à feu), ordonnance née des lois spéciales non prévues par le code pénal et donc complémentaire aux lois portant possession d'armes et munitions et armes de guerre. Le hic dans toute cette histoire, c'est l'intime relation qu'avait en ce dossier la police. Jugez-en. Le beau-père témoin est un ancien policier. Le détenu avait comme papa un ancien agent de police à Tiaret.Le second témoin avait lui aussi un paternel agent des services de sécurité. D'ailleurs, le témoin a laissé entendre que lors de la restitution de la voiture prêtée, il avait découvert une paire de menottes, ancien modèle et donc ne figurant point dans l'agrément de la DGSN. Le beau-père du détenu avait assuré le tribunal que Mehdi était comme son fils, qu'il l'aimait tant qu'il était incapable de mentir à son propos. Etant par ailleurs sous serment, il avait appris au tribunal que le PA objet des poursuites était resté chez lui trois longues années.Les deux témoignages n'ont pas aidé le détenu. Contre qui Noreddine Sayeh, le procureur, avait requis une peine de prison ferme d'un an et deux cent mille dinars d'amende. D'ailleurs, la juge a refusé à l'avocat constitué à ses côtés de rentrer dans les détails des faits graves par ailleurs. L'ancien vigoureux journaliste avait été dénoncé par ses proches croyant qu'il ne devait pas avoir sur lui de permis de port d'arme à feu alors que c'était faux ! L'avocat du détenu a rappelé que le permis y était et qu'il était toujours en vigueur. «Mon client n'a jamais délaissé son arme. Il avait été averti qu'après les patriotes, arriverait le jour où tous ceux qui avaient été autorisés à porter une arme à feu, devaient en faire de même. Même s'il avait envie de la garder il n'aurait jamais pu», a dit sans ton ni colère l'avocat visiblement contrarié par Khadidja Khouaouna, la juge. «C'est pourquoi votre verdict doit tendre vers l'indulgence et comprendre l'attitude de cet ancien fonctionnaire de police», avait ajouté l'avocat qui n'avait pas dû apprécier le second témoignage qui allait à contresens de la vérité crue sortie de la bouche du détenu, visiblement démonté par cette maudite détention préventive, une difficile opération et un exercice qui démonte le moral. Le dernier mot aura été pour l'inculpé : «Je suis innocent, j'ai dit la vérité dans cette affaire qui n'en a jamais été une.» L'ambiance était morose dans la salle surtout que la présidente Khouaouna avait décidé de la mise en examen de l'affaire pour plus tard.