La direction nationale du FLN veut-elle mettre un terme à la division des rangs du parti à la veille des échéances de 2017 ? A-t-elle peur du retour annoncé de l'ancien secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, qui veut unifier tous les contestataires d'Amar Saâdani ? L'appel lancé par le chargé à la communication, Hocine Khaldoun, au nom de la direction nationale, à l'adresse des opposants laisse croire à une volonté de calmer le jeu, d'un côté, et de gagner du temps, de l'autre. «La direction nationale veut faire diversion et empêcher l'union des contestataires. Mais elle veut aussi aborder les échéances de 2017 en rangs unis pour préserver la majorité parlementaire et au sein des assemblées locales dont dispose le parti», indique une source proche de la direction. Hocine Khaldoun a appelé aussi bien le «mouvement de redressement» conduit par Abdelkrim Abada, que «la direction unifiée» dirigée par Abderrahmane Belayat à l'union. «Notre appel à l'union est adressé à tous les militants et cadres qui activent dans un cadre légal et à tous les frères indignés qui n'ont pas participé au congrès de mai 2015 et qui ne sont pas membres du Comité central», a-t-il dit dans une déclaration médiatique, citant des ténors du FLN Abderrahmane Belayat et Abdelkrim Abada. Ces derniers ont accueilli l'appel avec un peu d'étonnement mais ne se disent pas opposés au principe du dialogue tout en posant des conditions. «Par principe, on ne s'oppose pas au dialogue. Mais pas à n'importe quel prix et pas sur le dos des militants», indique M. Abada, joint hier au téléphone. «Oui au dialogue pour rectifier la trajectoire du parti et le renforcer. Oui au dialogue pour réaliser les nobles objectifs du parti. Oui pour l'unité des rangs mais pas pour servir les intérêts des personnes», a-t-il insisté. Pour sa part, Abderrahmane Belayat, contacté par nos soins, assure de la disponibilité de son mouvement à prendre langue avec la direction actuelle même s'il conteste sa légitimité. «On ne ferme aucune issue qui donne une chance au parti pour le présent et pour l'avenir», a-t-il affirmé, précisant que cela n'est pas synonyme de «soumission» et qu'il prend la main tendue de la direction avec «prudence». Notre interlocuteur ose une comparaison avec les prévisions métrologiques et affirme que «lorsqu'il y a accalmie, il ne faut pas s'entêter à dire le contraire». «Mais il faut faire preuve de prudence», a-t-il ajouté, comme pour souligner qu'il ne fait pas totalement confiance à la «pseudo-direction nationale». Pour lui, l'appel de Khaldoun «est un geste d'éveil et de réveil». «Ils ont créé une situation intenable qui peut faire d'eux des naufragés. S'ils ne veulent pas être des naufragés, ils doivent être des repentis», a-t-il lancé, regrettant que le chargé de communication du parti est parti d'une contre-vérité en affirmant que le 10e congrès est légal. «Dès lors qu'ils reconnaissent que le parti est amputé, c'est une bonne chose mais à condition de ne pas retomber dans une voie sans issue. S'ils veulent revenir à la raison, il ne faut pas qu'ils s'entêtent à justifier la création de la mauvaise situation depuis le 10e congrès», a-t-il ajouté, en qualifiant la situation du parti de «catastrophique» et «dangereuse». De son côté, Salah Goudjil, sénateur du tiers présidentiel, exclu par le dernier congrès, interrogé sur l'appel de la direction nationale, n'a pas voulu s'étaler dans sa réponse. «Je suis toujours FLN. Je ne me sens pas exclu. Ça dépend de quel FLN on parle. Mon FLN n'est pas le FLN qu'on voit actuellement et je ne suis plus impliqué organiquement», a-t-il dit, tout en affichant sa disponibilité à «rendre service au FLN». Mais au sein du FLN, la déchirure est tellement profonde que la cicatrisation semble difficile.