Un contenu «algérianisé», remanié, pour refléter la nouvelle approche qui fait appel aux compétences et au savoir-faire de l'élève, avec un design attrayant, dont l'objectif n'est pas anodin : faire aimer la lecture, notamment aux élèves du premier cycle. C'est en somme la première lecture faite par la famille éducative concernant les nouveaux manuels scolaires, fruit d'un réajustement apporté à la réforme engagée en 2003. Résumer trois livres dans un seul est une nouvelle expérience pédagogique dont le contenu répond aux nouvelles méthodologies, orientées vers la transmission des valeurs algériennes. C'est l'aperçu donné par Saïd Bensalem, chargé de la pédagogie au niveau du ministère de l'Education nationale, sur le fond de ces nouveaux manuels. Et c'est à partir du profil de l'élève que se déclinent l'ensemble des compétences que l'apprenant devrait avoir. «Le livre est destiné à l'élève et l'enseignant n'est qu'un outil pédagogique», soutient Bensalem. Même le côté esthétique n'est pas négligé, ajoute-t-il, la mise en forme de ces ouvrages, particulièrement ceux destinés aux élèves des 1re et 2e années primaires, favorise l'amour de la lecture. La même remarque a été formulée par Belamouri Laghaydh, président de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation, relevant du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap). «La méthodologie suivie, notamment dans les livres de lecture, vise à maîtriser la lecture chez l'élève», fait observer cet ex-enseignant qui prend comme échantillon le livre (langue arabe, éducation islamique et éducation civique) de la 1re année primaire. Notre interlocuteur juge qu'aucune nouveauté n'a été apportée sur le plan pédagogique. «J'ai l'impression qu'il n'y a pas une grande différence entre les anciens et les nouveaux manuels», dira ce syndicaliste qui a fait savoir que des copies de ces livres leur avaient été remises samedi. Côté design, Belamouri le qualifie d'acceptable, même si certaines parties sont un peu chargées de couleurs. «Oui, pas mal», juge pour sa part Nabil Ferguenis, chargé de communication du Snapap (aile Malaoui) qui, en évoquant le volet pédagogique, a mis l'accent sur la nécessité de comprendre le nouveau paradigme pour l'apprentissage par compétences. «L'apprenant exerce le métier de l'apprentissage et si nous comprenons ce nouveau paradigme, on peut faire bouger les choses, sinon nous revenons à la case de départ», explique-t-il. En général, les thématiques abordées dans les livres de lecture tournent autour des valeurs algériennes, selon Boualem Amoura, président du Syndicat autonome national des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). Ce dernier, qui prend comme exemple les livres d'arabe de la 2e année primaire et de la 1re année moyenne, trouve que les textes reflètent les valeurs de la famille algérienne et la diversité culturelle de notre pays. Le positif aussi, enchaîne-t-il, est que la majorité des textes appartiennent à des auteurs algériens. La méthode d'apprentissage incitant l'élève à raisonner, analyser et synthétiser au lieu de mémoriser est également bien appréciée par le président du Satef. Néanmoins, il considère «aberrant» le fait de d'avancer la méthode globale sur la méthode syllabique. «Comment on demande à l'élève de la 1re année primaire de s'exprimer sur une image, alors qu'il n'a pas encore étudié les syllabes et les lettres ?», s'est-il interrogé. A noter que le ministère de l'Education a ouvert un site à l'intention des parents d'élèves, en vue de donner leur avis sur les nouveaux manuels, et même faire des propositions pour leur amélioration.