Le Temps d'Algérie : Aigle Azur a choisi le Salon du Bourget, l'un des plus grands rendez-vous planétaires des professionnels de l'aviation, pour annoncer une commande d'aéronef. Une première dans votre cheminement. Arezki Idjerouidene : Nous vivons ce moment comme un jalon important dans l'histoire d'Aigle Azur. Et pour cause ! C'est la première fois que nous achetons un appareil neuf directement auprès du constructeur, Airbus en l'occurrence. C'est une nouvelle pierre à l'édifice que nous construisons avec soin depuis 2001, date de la reprise de la compagnie par le groupe Go Fast. Le paraphe de cette commande intervient un mois à peine après l'acquisition - en leasing - d'un Airbus A320 flambant neuf auprès d'une compagnie aérienne. Dans votre communication de ces derniers mois, rien ne laissait présager une telle annonce. Du moins dans des délais aussi rapides. Une question d'agenda et d'opportunité. Rien de mieux qu'un salon mondial de l'aéronautique pour en parler. Généralement, c'est le genre de cadre que choisissent les constructeurs et les compagnies pour communiquer sur les commandes d'avions. Comment se fait-il que la compagnie ne s'est pas adressée jusque-là directement au constructeur pour acquérir ces avions ? La réponse tient au délai d'attente. En moyenne, une commande met quatre ans avant d'être satisfaite. Pour une compagnie jeune comme la nôtre, ce n'est pas facile de régler le chèque et d'attendre autant de temps pour se voir livrer l'aéronef. C'est la raison pour laquelle nous avons préféré écourter les délais en optant pour des avions récents. Avec la crise, nombre de compagnies ont décommandé des avions. Nous avons profité de cette situation pour frapper à la porte d'Airbus qui a répondu favorablement et rapidement à notre demande. C'est bien la preuve qu'Aigle Azur est un partenaire à part entière aux yeux des grandes signatures de l'industrie aéronautique. Quotidiennement, la presse spécialisée se fait l'écho d'un secteur aéronautique en crise. Aux quatre coins du monde, le trafic des passagers est en recul. Du coup, les compagnies jouent la prudence et reportent à plus tard les projets de commandes de nouveaux aéronefs. C'est bien la preuve qu'Aigle Azur y croit plus que jamais. Depuis 2001, le challenge est notre seul leitmotiv. Nous avons décidé de mettre le cap sur une stratégie décisive à nos yeux : la modernisation de notre flotte. Ce choix ne date pas d'aujourd'hui, il est au cœur des motivations qui ont présidé à la reprise de la Compagnie par le groupe GoFast. Le rajeunissement participe à la fois d'un choix commercial, d'un souci sécuritaire, d'une mise en conformité environnementale et d'une amélioration des conditions d'exploitation. Des avions commercialement mieux adaptés à nos dessertes, économiques en carburant et moins bruyants : la maîtrise des coûts est à ce prix. C'est la meilleure parade à la crise. En attendant avril 2010 et l'entrée en service de l'A319, quelle est la flotte actuelle d'Aigle Azur ? Depuis 2005, elle provient entièrement d'Airbus : trois A319, trois A320 et quatre A321. Le plus «vieil appareil» a cinq ans d'âge et le plus jeune, un A320, vole depuis un mois seulement. Avec une moyenne d'âge de cinq ans, la flotte est des plus jeunes. Coïncidence du calendrier, l'annonce de la commande de l'A319 auprès d'Airbus intervient sur fond de présentation des bilans. En cette période de l'année, les entreprises de l'aviation rendent publics leurs comptes. Comment se déclinent les vôtres ? Malgré les effets de la crise, nos comptes sont globalement à la mesure de nos prévisions. Le chiffre d'affaires pour l'exercice 2008 devrait tourner autour des 300 millions d'euros contre quelque 285 millions en 2007. La flambée sans précédent du baril et la concurrence ont poussé la compagnie à faire preuve d'imagination. Grâce à notre politique promotionnelle, nous sommes parvenus à assurer des taux de remplissage intéressants. Lancée en juin 2008, la 'Carte fidélité' a connu un succès rapide qui a dépassé nos espérances. En un an, quelque 30 000 exemplaires ont été délivrés. Air Algérie et Air France, vos deux concurrentes dans le ciel franco-algérien, prennent désormais acte de votre présence. Le nom de votre compagnie revient souvent dans les déclarations de presse de leurs responsables. Quel commentaire cela vous inspire-t-il ? Cela montre tout simplement que nous avons acquis une place à part entière sur le marché aérien franco-algérien. En témoignent nos parts de marché en hausse d'une année à l'autre, le nombre de rotations entre les deux rives de la Méditerranée. Cette évolution n'aurait pas été possible sans les efforts que nous déployons pour satisfaire le passager et répondre à ses exigences en matière de confort. Derniers en date : le relookage des cabines avec l'installation de sièges entièrement en cuir, la mise en service - par souci de compréhension et de pédagogie - des annonces en cabine dans les langues autres que l'anglais et le français : arabe et tamazigh pour l'Algérie et le Maroc, dialectes subsahariens pour le Mali, portugais.