Paru dans la collection Images plurielles chez l'Harmattan, le livre «De la naissance du cinéma kabyle au cinéma amazigh» de Frédérique Devaux Yahi appréhende les composantes historiques, politiques, sociales et économiques de l'émergence de ce cinéma encore inconnu et inexploré. L'auteure explique cette inexistence en affirmant : «A notre connaissance, il n'existe à ce jour aucun ouvrage sur une possible cinématographie berbère, ou à défaut sur les trois premiers longs métrages algériens réalisés avec de la pellicule 35mm et parlés en langue amazigh. L'apparition du cinéma kabyle algérien devance de huit années celle du premier film amazigh marocain Tililla (Secours) en 2005, entièrement en langue berbère et de onze années l'avènement du premier film chaoui algérien, notamment La maison jaune d'Amor Hakkar. Si la Kabylie est historiquement le premier foyer d'expression berbère à l'écran, chacune de ses projections a créé une surprise et une adhésion, et est aujourd'hui perdue au milieu des productions du Maghreb, engloutie sous les sorties mondiales. Aussi, méritent-elles à nouveau d'être mises en valeur et analysées parce qu'elles sont des œuvres de précurseurs et de militants de la cause berbère. Elles font encore figure d'archétypes et de matrices vingt ans après leur avènement dans toute la kabylie. Outre leurs qualités esthétiques, elles ont ouvert la voie économique à la réalisation de films dans et sur les contrées dont elles sont issues. Elles ont ouvert le pas qui séparait jusque- là l'amateur du professionnel. Outre cette argumentation, Frédérique Devaux Yahi propose de faire connaissance avec le monde amazigh, ses coutumes, us, cultures et des pistes de lecture audiovisuelles des œuvres. Dans son analyse, l'enseignante chercheur, prend comme panel de films amazighs quatre films dont trois longs métrages, La montagne de Baya en 1997 d'Azzedine Meddour, La colline oubliée d'Abderrahmane Bouguermouh en 1996 et Machao de Belkacem Hadjaj en 1996, réalisés en Kabylie pendant la décennie du terrorisme. Chaque film se décline dans le quotidien kabyle avec ses règles ancestrales d'organisation sociale et politique et leurs traditions encore vivaces dans cette région du pays. Le quatrième est le court métrage de chérif Aggoune, La fin des djinns. Dans ce registre, elle évoque le premier film du cinéma amazigh marocain intitulé Tilila du précurseur Mohamed Mernich. Le contexte social A partir de ces films, elle met en valeur le contexte social et politique ayant précédé la naissance de ces œuvres et les revendications berbères. En disséquant l'organisation coutumière de la société kabyle, son étude se porte sur les structures traditionnelles et voit la manière dont les réalisateurs les ont utilisées. Par ailleurs, cet ouvrage propose de faire connaître cette filmographie berbère aussi bien au néophyte qu'au professionnel. Le large public trouvera matière à mieux comprendre cette société et cette cinématographie amazighe. Chargée de cours aux universités de Paris 7 Jussieu, Paris-Sorbonne (Marne la Vallée) et à l'école nationale française Louis Lumière, elle est égalemnt une réalisatrice indépendante . De père algérien et de mère française, elle met en lumière la société atavique paternelle qu'elle découvre à travers des documentaires qu'elle réalise. Cet ouvrage De la naissance du cinéma kabyle au cinéma amazigh est très intéressant avec moult détails et informations susceptibles d'aider le lecteur à comprendre ce cinéma et à lever le voile sur une culture, une langue et une contrée.