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«La famille est un ancrage indispensable pour l'équilibre de l'individu»
Lazhari Labter, journaliste, poète et éditeur
Publié dans Le Temps d'Algérie le 20 - 06 - 2009

Lazhari Labter, poète, journaliste et éditeur, vient de publier un recueil de nouvelles intitulé La cuillère et autres petits riens à la maison d'édition qui porte son nom. Dans cet entretien, il nous parle de son livre, de l'importance du rôle de la famille dans l'éducation des enfants, de sa ville natale et du rôle que la presse algérienne a joué durant la décennie noire.
Le Temps d'Algérie : Vous venez de publier un livre que vous avez intitulé La cuillère et autres petits riens, pourquoi les petits riens ?
Lazhari Labter : La cuillère et autres récits qui sont dans ce livre, c'est en sorte la suite d'un livre paru en 2001-2002 intitulé Retour à Laghouat mille ans après Beni Hilal et qui portait particulièrement sur l'histoire de la ville de Laghouat et des grandes figures de la culture de cette ville, à l'exemple du poète Abdallah Ben Keriou et qui abritait également un certain nombre de poètes d'amour qui ont été traduits par mes soins de l'arabe dialectale au français.
C'était aussi pour fêter l'anniversaire de la naissance de Laghouat. La cuillère a eu un certain retentissement à l'époque avec d'autres récits connus dans ce livre, alors, je me suis dis qu'il était préférable de séparer les récits purement littéraires de la partie histoire, poésie…
J'ai complété par d'autres petits récits que j'ai appelés m'hadjiat, qui pouvaient être des contes, des chroniques… J'ai ajouté d'autres textes, soit une quarantaine en tout que j'ai édités dans ma maison d'édition que je viens de lancer. Ces «petits riens» sont de petites histoires que j'ai vécues ou que mon père m'avait raconté. Je sais que chacun de nous a connu des petites choses dans sa vie. Ces histoires nous paraissent futiles, alors qu'elles véhiculent une hikma, une sagesse.
Mais quand on sait les utiliser du point de vue littéraire et qu'on sache en tirer des leçons, elles se transforment en récits. Derrière ces «petits riens», il y a de grandes choses.
Il y a une sorte de paradoxe dans le titre. Ces textes me renvoient – toutes proportions gardées – à Cent ans de solitude de Garcia Marquez ou à Kateb Yacine, quand on passe d'une histoire locale particulière et lorsqu'on sait les ramener à une dimension qui touche les gens, qui les interpelle, ils deviennent des textes universels.
La première réaction que j'ai eue, notamment de la part des jeunes, ils m'ont surpris et c'était un plaisir, car ces jeunes ne sont pas censés avoir vécu ces histoires, car elles se sont déroulées dans les années 1950. Ils m'ont dit qu'on se retrouve dans ces textes, parce que nos parents nous ont raconté des histoires de ce genre.
On constate qu'à travers vos écrits, vous êtes très attaché à votre ville natale, Laghouat, à vos parents, à votre femme, à vos enfants…
En effet, avec les nouvelles technologies, telles qu'internet et la parabole, la nouvelle génération connaît d'autres «mœurs» de vie. Mais la famille n'est-elle pas un ancrage indispensable pour l'équilibre de l'individu ?
Vous avez remarqué que l'ouvrage est dédié à quelques personnes de ma famille, parce que ces histoires sont inspirées de ma famille. Vous avez sans doute remarqué que j'ai toujours dédié mes poèmes à ma femme, à mon père, à ma mère et à ma sœur à qui je dois beaucoup ainsi qu'à mes enfants Hikmet et Amine.
On voit aussi que la couverture est illustrée par votre fils Amine...
Justement, toute l'introduction tourne autour des jeunes Algériens, sans être un donneur de leçon ni un moralisateur, c'est juste pour dire que les gens de ma génération, venant d'un monde dont vous ne pouvez même pas imaginer ce que c'était d'y vivre, mais tant mieux, pour eux, car c'est ça la vie !
Je leur ai dit que ce monde est aussi difficile que le nôtre, mais vous, vous avez beaucoup de facilité, vous avez le monde qui est ouvert à travers internet, à travers la télévision, le téléphone portable toutes les choses qui étaient de l'ordre de la fiction à notre époque. Votre monde à vous est totalement différent que celui dans lequel on a vécu. Vous ne pouvez pas imaginer la misère d'un enfant des années 1950. Il ne mangeait pas toujours à sa faim, il allait à l'école pieds nus, il avait froid, parce qu'il n'y avait pas de chauffage à la maison, il allait chercher l'eau à la fontaine, il transportait le blé chez le meunier, il n'y avait pas d'électricité. Ce monde a disparu et tant mieux.
Cependant, ce monde n'était pas uniquement un monde de misère, il y avait aussi du bonheur et de la joie. Comme disait Baudelaire : «Le vert paradis des amours enfantines». Moi j'ai eu la chance de naître dans ce qu'on appelle : une oasis dans l'oasis, d'où l'amour que j'ai pour ma ville.
Mon père avait lui-même construit sa maison (une maison en toub) et la fenêtre de la chambre ouvrait sur notre jardin où poussaient, un palmier, un abricotier, des grenadiers, des fleurs mais aussi des légumes, donc j'étais nourri de ce jardin cultivé par mon père.
Ce sont de belles choses qui maintenant ont disparu. La plupart des jeunes d'aujourd'hui ne savent pas comment poussent les légumes, parce qu'ils les achètent au marché, c'est vrai que Laghouat est une ville millénaire qui a donné de grandes figures, comme Abdallah Ben Keriou, le poète qui avait écrit Gamr ellil , chanté par Khelifi Ahmed, il y avait Ray Malek, comme musicien et le chanteur Sohbane, il y a beaucoup de gens comme ceux-là, parce que Laghouat a toujours été une ville de lettres.
C'était aussi une des rares villes du pays qui possédait une médersa, des ouléma, où j'ai pris mon premier cours d'arabe, aussi, parce que mon père était médersien, mon frère également. Quand on a eu des parents comme les miens, qui étaient ouverts d'esprit, parce qu'ils avaient appris des «choses» à la médersa et une ville pareille, on ne peut s'en séparer.
Cependant, durant un certain temps, j'avais quitté cette ville pour poursuivre mes études à Alger puis il y avait la décennie noire, je n'y allais pas souvent, puis mon père était très malade, et ma mère aussi, et ils sont décédés, mon père en 1990 et ma mère quelques années après, d'où le texte que je lui consacré et qui a été publié dans un ouvrage qui s'intitule Ma mère avec une trentaine de textes d'auteurs algériens, maghrébins et français aux éditions Chèvrefeuilles étoilés.
C'est d'ailleurs pour cette raison que dans le livre que je viens de publier, il s'ouvre avec la cuillère, texte qui se rapporte à mon père, et il est suivi d'un texte que j'ai dédié à ma mère et qui s'intitule tout simplement «Zohra».
Lors de votre passage dans une émission radiophonique, j'ai constaté que les jeunes auditeurs se sont intéressés à votre récit La cuillère, alors que nous les croyons accrochés uniquement à internet, que pensez-vous de ces jeunes ?
Justement, on se trompe, eux aussi sont «habités» par des petites choses, c'est aussi parce que c'est une histoire liée à l'enfance où un jour en accompagnant mon père qui était wakaf. Il supervisé la distribution de l'eau. Et, en soulevant le masref pour laisser couler l'eau, j'ai crié en lui disant qu'il y avait quelques chose qui brillait. Il plongea sa main et en sortit une cuillère en argent.
Il a alors gardé cette cuillère avec laquelle il a mangé jusqu'à sa mort. Et après sa mort, j'ai demandé qu'on me donne cette cuillère que je garde à mon tour à titre symbolique. Vraiment, je reste étonné quand je trouve des jeunes qui me racontent leurs petites histoires. Là, on constate que tous les gens s'attachent à «leurs petites choses» qui font souvent la vie.
On vous connaît beaucoup plus en tant que poète et journaliste. Maintenant vous passez à autre chose. Est-ce par nostalgie ?
Effectivement, j'ai commencé à écrire de la poésie, non seulement en langue française mais aussi en arabe. Je n'ai jamais abandonné la poésie, j'ai un recueil qui devrait paraître dans quelques mois.
Donc, j'ai pensé non seulement aux poésies classiques mais aussi à la poésie aux vers libres. comme celle de Samih El Kacim, Mahmoud Derwich, Nezar Kabbani… qui m'ont marqué profondément, et la poésie que j'écris est celle de «l'amour courtois», liée en faite aux moualaquate, Abla, Madjnoun Leïla… Il y a aussi Aragon. Il s'est sans doute inspiré de Madjnoun Leïla pour écrire Le fou d'Elsa.
C'est cette poésie qui m'a toujours intéressé. Quant à moi, la majorité de ma poésie a été dédiée à ma femme
Yasmina que j'ai toujours chantée. A l'exemple de Benguitoune, de Abdallah Ben Keriou….
Le journalisme, c'est le métier que j'ai exercé pendant trente ans.
Ce métier m'a permis de rencontrer des artistes, des écrivains, des hommes de cinéma et ces contacts ont été fantastiques. Il y a eu une période où l'Algérie a été frappée par un séisme de forte magnitude entre 1988 et 1998, comme je me trouvais avec Khaled Mahdi (que Dieu ait son âme) du bureau d'Alger de la Fédération internationale des journalistes en 1995, j'ai publié un ouvrage chez Harmattan sur nos confrères assassinés, qui n'était pas complet.
Ce n'est pas facile d'assister à la mort de nos confrères, nos camarades emportés souvent à la fleur de l'âge.Il y avait plus d'une centaine assassinés entre 1993 et 1998, alors je tenais à écrire ce livre. Donc, c'est en 1998 que j'ai complété cet ouvrage paru chez Chihab et qui s'intitule Journalistes algériens 1998 – chronique des années de terreur mais d'espoir. Je dirai que la presse algérienne à joué un rôle capitale dans la résistance patriotique contre ces gens qui voulaient faire balancer l'Algérie vers l'archaïsme, à des temps révolus.
Comment êtes-vous venu à l'édition ?
L'amour de la lecture m'est venue de ma sœur. Très jeune en la voyant revenir de la bibliothèque avec des livres, je m'asseyais à côté d'elle et elle me racontait des histoires.
Et lorsque, j'ai appris à lire, je lisais des contes et la bande dessinée, des livres de la bibliothèque verte, ensuite d'autres livres. La passion de la lecture, on la développe en étant jeune, d'où l'importance des familles à mettre des ouvrages à la disposition de leurs enfants.
J'étais fasciné par le livre mais aussi curieux de sa fabrication. J'ai vu mon père jardiner, j'ai vu le ferronnier tordre le fer, mais le livre je n'avais aucune idée comment on le fabriquait, d'autant plus qu'à Laghouat il n'y avait pas d'éditeur.
Après donc le métier de journaliste et avec le recul, c'était naturel pour moi de me lancer dans l'édition, car c'était mon rêve d'enfant. J'ai travaillé durant quatre ans comme directeur d'édition à l'Anep. Quelque temps après, j'ai créé ma propre maison d'édition Lazhari Labter.
Entretien réalisé par Belkacem Rouache


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