C'est connu. Ce sont les petits riens qui font, et forment le tout. Que l'on soit au fait de la notoriété, au sommet d'un Royaume, ou surfant sur une fortune immense, on n'est jamais autant nostalgique à sa lointaine vie d'enfant C'est connu. Ce sont les petits riens qui font, et forment le tout. Que l'on soit au fait de la notoriété, au sommet d'un Royaume, ou surfant sur une fortune immense, on n'est jamais autant nostalgique à sa lointaine vie d'enfant, d'où on en tire, sans jamais nous lasser, des souvenirs insignifiants, futiles ou inexistants pour beaucoup, mais qui restent profondément gravés dans la mémoire et dont la seule évocation susciterait la plus vive des émotions. C'est ainsi que l'on appréhende le recueil de récits, La cuillère et autres petits riens du journaliste, poète, écrivain et éditeur… le très dynamique Lazhari Labter, recueil qu'il a fait publier par sa propre maison d'édition, qui porte d'ailleurs son nom. Tout ce qui est petit est mignon, dit l'adage, et à la vue du format et du nombre des pages (101 pages seulement !) du recueil, on s'interroge sur cette manière, très habile au demeurant, de faire petit pour viser gros. Qui ne se reconnaitrait pas dans une pareille escapade à travers le temps. Dans une époque révolue où, comme le précise l'auteur, n'existait ni Internet, ni télévision satellitaire, ni téléphone mobile, que dire de l'électricité qui venait, tout juste, de s'introduire dans les maisons et, de là, supplanter le mythique quinquet… «Les jeunes d'aujourd'hui, nés avec l'électricité, l'eau courante, la radio, la voiture (…) ne peuvent imaginer ce que pouvait être la vie sans tous ces conforts qui font si bien partie intégrante de la vie quotidienne qu'ils sont devenus banals», explique-t-il dans l'introduction. Pourtant, c'est dans cette vie d'indigence, de misère parfois, que la notion du bonheur prend toute sa signification. Maniant une langue douce et précise, ce digne fils de Laghouat, l'une des plus belles villes portières du Sahara, est allé ressusciter sa vie de môme, en tirant d'une mémoire éléphantesque, ces petits riens, comme cette fameuse cuillère, toute somme ordinaire, que l'enfant Lazhari, du haut de ses cinq ans, avait repérée au fond de la séguia du jardin de l'oasis que le père louait et travaillait en été. Aussitôt alerté, le papa trempa sa main, réussit à la retirer et depuis ne s'en sépara jamais. «Il vit dans cet ustensile un don du ciel ou signe du destin ». A la mort de ce dernier, l'auteur a, sur son insistance, hérité de cette cuillère avec laquelle, et jusqu'à ce jour, il mange. « Elle a toujours gardé la saveur douceâtre de l'eau mêlée au goût délicieusement âcre des algues vertes de la séguia de mon enfance», écrit-il. Amine Goutali. La Cuillère et autres petits riens de Lazhari Labter Editions : Lazhari Labter 101p. Prix public : 300 DA.