De nombreux experts ont développé des analyses contradictoires sur un éventuel accord sur le gel de la production pétrolière qui sera abordé lors du sommet d'Alger des pays producteurs, en marge des travaux du 15e Forum international de l'énergie. Parmi les experts qui ont eu à s'exprimer à ce propos, on peut citer, entre autres, Francis Perrin, Abdelmadjid Attar et Mustapha Mékidèche. Le président de Stratégies et politiques énergétiques, Francis Perrin, a souligné l'urgence pour les producteurs de pétrole, membres de l'Opep et non-Opep, d'arriver, au plus tôt, à un accord sur le gel de la production. Pour ce spécialiste du secteur pétrolier, «l'Opep a une lourde responsabilité dans la stabilité du marché pétrolier, du fait que sa production a augmenté alors que celle des pays non-Opep a diminué». Tout en appelant à transcender les divergences actuelles entre l'Iran et l'Arabie saoudite qui empêchent d'aller vers une action concertée de l'Opep, cet expert a estimé qu'il est urgent qu'un accord intervienne entre les pays de l'Opep et certains pays non-Opep, dont la Russie, pour le gel de la production. Abdelmadjid Attar est optimiste quant à la conclusion d'un tel compromis, qualifiant la réunion d'Alger «d'extrêmement importante». Ancien PDG de Sonatrach et actuel vice-président de l'Association algérienne de l'industrie du gaz, Attar a estimé que «tous les signaux sont positifs pour un éventuel accord sur le gel de la production pétrolière des pays de l'Opep». Et d'ajouter : «Les pays de l'Opep ont intérêt à geler leur production actuelle et il faudrait que tout le monde respecte ce gel sur le terrain.» L'expert admet, toutefois, qu'un tel accord se trouvera confronté aux besoins pressants de certains pays, notamment l'Irak, d'augmenter leur production. Un consensus «fort probable» De son côté, l'économiste et vice-président du Cnes, Mustapha Mékidèche, a souligné dans un entretien accordé à l'APS que le consensus entre l'ensemble des pays producteurs est «souhaitable et fort probable». Pour Mékidèche, un tel compromis est probable pour deux raisons : l'une interne et l'autre externe à l'Opep. Il y a d'abord le niveau actuel de diversification économique de tous les pays de l'Opep, qui est insuffisant pour produire et garantir une résilience à moyen et long termes, de nature à financer les besoins financiers de leur développement économique et social. En outre, poursuit-il, le niveau actuel des prix du pétrole n'arrange ni les pays producteurs non-Opep, tels que la Russie, ni les pays consommateurs qui redoutent des tendances haussières dans quelques années, comme semble le craindre l'AIE qui pointe du doigt un désinvestissement supérieur à 20% dans l'industrie mondiale des hydrocarbures. Quant à savoir si cette réunion informelle de l'Opep pourrait déboucher sur une décision, cet expert a expliqué qu'une telle réunion informelle n'aboutit pas forcément à une prise de décision. «Si un consensus se dégagera lors de la réunion informelle, rien n'empêche en effet de transformer, de façon souveraine, cette réunion en Conférence ministérielle extraordinaire de l'Opep pour l'endosser formellement (la décision). L'effet sur les marchés en tant que signal fort serait bénéfique pour l'organisation», a-t-il également soutenu. Au-delà des avis des spécialistes des questions énergétiques, l'espoir d'une stabilisation du marché repose énormément sur la réunion d'Alger, d'autant plus que le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a assuré, vendredi, que la réunion doit impérativement aboutir à une «solution positive» pour stabiliser le marché, estimant que le rôle «conciliateur» de l'Algérie pourra arracher ce consensus.