Entre sceptiques et optimistes, les avis quant aux résultats de la réunion de l'Opep, prévue mercredi à Alger, sont partagés. Les uns estiment que cette rencontre n'aboutira pas à un accord, les autres, en revanche, prédisent une solution positive à la fin des travaux. "Il ne faut pas s'attendre à une décision formelle, même de gel de la production, d'une réunion qui ne sera qu'informelle". Cette déclaration résume le point de vue de l'expert, Francis Perrin sur cette réunion qui se tiendra en marge de celle du Forum international de l'énergie (FIE). La question "essentielle", pour lui, est de "savoir si les discussions qui auront lieu à Alger entre pays Opep permettront ou pas de rapprocher les points de vue au sein de l'organisation, en particulier entre l'Arabie Saoudite et l'Iran". L'opposition entre ces deux Etats avait entraîné, rappelle-t-il, l'échec de la réunion Opep/non-Opep à Doha il y a cinq mois. Le blocage actuel a pour cause, explique-t-il, la volonté de l'Iran de continuer à augmenter sa production et ses exportations pétrolières et du refus de l'Arabie Saoudite d'accepter qu'un accord de gel de la production ne s'applique pas à ce pays. Or, après des années de sanctions économiques, Téhéran refusera, à ce stade, de limiter sa production. D'où la nécessité, suggère Francis Perrin, d'"essayer de trouver rapidement un accord entre les pays Opep, en dehors de l'Iran et de la Libye, et certains pays non-Opep, dont la Russie, pour, au minimum, un gel de la production." Ce n'est que plus tard, précise-t-il, qu'il faudra essayer de réintégrer l'Iran et la Libye dans un accord au sein de l'Opep. Insister pour que tout le monde "agisse en même temps", remarque-t-il, alors que l'Iran campe sur sa position, "c'est prendre le risque de l'échec pour tous les producteurs." Le spécialiste des questions énergétiques estime, dans un entretien à l'APS, que l'Opep a une "lourde responsabilité" dans la stabilité du marché pétrolier du fait que sa production a augmenté alors que celle des pays non-Opep a diminué. Il y a, certes, un déclin de la production non-Opep et une augmentation de la demande mondiale mais celle-ci, affirme-t-il, semble se ralentir, tandis que l'Opep produit à un niveau très élevé du fait de l'Arabie Saoudite, de l'Irak et de l'Iran. Bouterfa optimiste La rencontre du FIE d'Alger, qui regroupera à Alger 72 pays producteurs et consommateurs, ne sera pas, indique-t-il, une réunion entre pays Opep et non-Opep comme celle tenue à Doha. Car, déclare-t-il, le "rôle du FIE est de promouvoir un dialogue énergétique au niveau mondial et non pas de prendre des décisions sur le marché pétrolier et les prix du pétrole." Francis Perrin reconnaît, néanmoins, que les échanges de vues entre producteurs et consommateurs sont "tout à fait utiles et nécessaires mais il ne faut pas trop en attendre." Ce n'est pas l'avis du ministre de l'Energie, M. Noureddine Bouterfa, qui se dit "optimiste" pour la réussite de cette réunion informelle. "Nous allons tout faire pour réussir (cette réunion). Nous n'envisageons pas un scénario négatif. Nous devons, dans tous les cas de figure, sortir avec une solution positive", soutient-il. Le ministre voit en la participation de tous les pays membres de l'Organisation à la réunion d'Alger un "signe positif." C'est pour cela "qu'il faut être optimiste", avance-t-il tout en mettant en avant le rôle "conciliateur" de l'Algérie au sein de l'Opep, ce qui devrait permettre, selon lui, de trouver un consensus pour soutenir les prix mondiaux du pétrole. M. Bouterfa pense que notre pays peut rapprocher les avis des pays membres et ceux des pays producteurs non-Opep. À ce propos, il met l'accent sur la convergence de toutes les parties sur la nécessité "d'agir positivement pour remettre de l'ordre" dans le marché car la situation actuelle "n'est favorable ni à l'économie mondiale, ni aux pays producteurs, ni aux pays consommateurs." B. K.