Alors que les syndicats autonomes comptent organiser les 17 et 18 octobre une grève renouvelable pour dénoncer le projet de loi relatif à la retraite anticipée, le ministre du Travail, lui, insiste sur les «bienfaits» du projet controversé. Jeudi, accompagné du secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Mohamed El Ghazi a déclaré que ce projet est de nature à «conforter les droits des citoyens et garantir les équilibres financiers de la Caisse nationale des retraites (CNR)». Pour convaincre les syndicalistes qui ne comptent pas faire machine arrière, El Ghazi joue la carte de la sensibilisation pour redresser l'économie nationale. Du coup, il lancera que ce projet de loi, qui sera présenté au gouvernement dans les semaines à venir, est dicté par les «difficultés financières». Il vise, ainsi, ajoute-t-il, à éviter toute crise que la caisse pourrait rencontrer à l'avenir. Plus encore, «le texte de loi vise à sauvegarder le système national des retraites dans le cadre de l'égalité et de la justice sociale», argue-t-il. En marge de l'ouverture d'une rencontre d'information sur la retraite anticipée, le premier responsable du secteur du travail a rappelé que le projet de loi modifiant et complétant la loi 38-12 du 2 juillet 1983 portait sur «l'abrogation des dispositions de retraite sans condition d'âge instituée en vertu de l'article 2 de l'ordonnance 97-13 du 31 mai 1997 modifiant et complétant cette loi». Pour sa part, le secrétaire général de l'UGTA a proposé l'installation d'une commission de travail nationale, après l'adoption du projet de loi par le Parlement. Elle sera, dit-il, composée des parties concernées pour examiner les sources de financement de la CNR de manière à garantir sa pérennité. Selon Sidi Saïd, visiblement fidèle allié du ministre du Travail, la centrale syndicale a enregistré 657 000 demandes de travailleurs ayant exprimé le souhait de poursuivre le travail après l'âge minimum à la retraite défini à 60 ans. A cet effet, il a été également rappelé, avant-hier, que le projet de loi qui entrera en vigueur début 2017 prévoit essentiellement plusieurs mesures. Il s'agit du maintien de l'âge minimum de la retraite à 60 ans et le maintien de la possibilité de départ à la retraite de la femme travailleuse à sa demande dès 55 ans. Il permet aux travailleurs de poursuivre volontairement leur activité au-delà de l'âge minimum de 60 ans, dans la limite de cinq années. Il prévoit, également, des règles spécifiques pour les travailleurs exerçant des métiers très pénibles. Ce projet de loi compte, en outre, d'autres règles qui concernent surtout les travailleurs exerçant des professions hautement qualifiées ou des métiers déficitaires. Ces derniers pourront bénéficier, à leur demande, d'un départ à la retraite anticipée. Des chiffres pour justifier une loi ! Le ministre du Travail a tenté bec et ongles, jeudi, de défendre le projet de loi relatif au départ à la retraite anticipée. En plus d'avoir avancé plusieurs arguments sur la nécessité de faire adopter cette loi, il a également révélé des chiffres qui blâment le dispositif de retraite proportionnelle institué en 1997. Pour ainsi dire, il a présenté un bilan qui fait état de 450 milliards de dollars déboursés et servis aux retraités ayant quitté le travail avant 60 ans. Le nombre a atteint, de 1997 à 2016, près de 890 000 retraités bénéficiaires de retraite avant 60 ans. C'est-à dire, plus de 52% du nombre total de pensions de retraite directes sont servies aux retraités avant l'âge de 60 ans. Ce dispositif a entraîné pour la Caisse nationale des retraites (CNR) «un manque à gagner pour les recettes de cotisations et surtout une augmentation significative de la dépense de retraite», regrette le ministre du Travail. Par ailleurs, il a été indiqué que le système national de retraite sert actuellement plus de 3 millions de pensions et allocations de retraite pour une dépense globale annuelle de plus de 870 milliards DA. Le nombre de travailleurs cotisant pour un retraité est actuellement à 2,1 alors que la norme pour garantir la viabilité d'un système de retraite est d'au moins 5 actifs cotisants pour un retraité, précise-t-on dans le même bilan.