Le génocide perpétré par la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen aura des incidences sur la monarchie pétrolière et les pays qui l'ont dotée en armes. L'un des pays est les USA, d'après des officiels américains. Après la frappe aérienne de la coalition sur un rassemblement funéraire à Sanaa, qui a fait 140 morts samedi, Washington peut être traduit en justice pour ses livraisons d'armes à l'Arabie saoudite. L'administration de Barack Obama a donné l'année dernière son feu vert à la vente à l'Arabie saoudite d'armes pour 1,8 million de dollars, ignorant les avertissements d'après lesquels les USA risquaient ainsi d'être impliqués dans des crimes de guerre, annonce Reuters se référant à des documents gouvernementaux et des responsables américains. Des doutes concernant la capacité des forces saoudiennes à frapper les Houthis sans toucher les civils et l'infrastructure stratégique subsistent au sein du département d'Etat depuis au moins un an. Toutefois, les juristes américains n'ont pas réussi à déterminer si les USA pouvaient être considérés comme alliés de la coalition menée par l'Arabie saoudite, en conformité avec le droit international. Si tel est le cas, cela pourrait obliger Washington à enquêter sur les crimes de guerre présumés au Yémen et engager des poursuites légales contre des militaires américains, du moins en théorie, indique l'agence. Comme en témoignent les documents que détiennent des journalistes, les USA ont exigé que l'Arabie saoudite minimise les victimes parmi les civils et ont remis aux Saoudiens une liste de lieux qu'il fallait éviter de bombarder. Washington avait pourtant des doutes concernant la capacité de l'Arabie saoudite à respecter ces exigences. En 2015, quand le nombre de victimes parmi les civiles au Yémen a grimpé et que certaines organisations de défense des droits de l'homme ont précisé que Washington pourrait être considéré comme complice de Riyad, les juristes du département d'Etat ont tiré la sonnette d'alarme. Depuis mars 2015, les USA ont avalisé la vente d'armes à l'Arabie saoudite pour 22,1 milliards de dollars, rappelle Reuters. Plus de 60 éléments du Congrès appellent actuellement Obama à annuler un nouveau contrat. Les tentatives du Sénat de la suspendre le mois dernier se sont soldées par un échec. Au moins 140 personnes ont été tuées et plus de 500 blessées, des civils pour la plupart, lors d'une frappe contre une cérémonie funèbre à Sanaa, occupée par les Houthis. Les rebelles en accusent la coalition menée par Riyad. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a demandé à ce que l'enquête de la coalition arabe sur le carnage de Sanaa soit rendue publique «très rapidement» et leurs auteurs traduits en justice. «Il faut tout mettre en œuvre pour que les auteurs de ces attaques odieuses soient traduits en justice», a estimé le médiateur de l'ONU, à l'issue d'un entretien avec le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault à Paris. Ce n'est pas le premier crime imputé à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite contre le peuple yéménite. Des organisations non gouvernementales (ONG) dont Amnesty International et Human Rights Watch et l'ONU accusent l'Arabie saoudite d'avoir tué des milliers d'enfants, de femmes et de personnes âgées au Yémen.