Encore un film qui se distingue dans ce 13e Fisahara. Il s'agit de Leyuad, un road movie (un film dont l'action se passe sur la route), qui raconte un voyage vers l'essence et la philosophie du peuple sahraoui. Réalisé par Gonzalo Moure et Brahim Chagaf, Leyuad est le premier long métrage sahraoui. Il a été projeté, avant-hier, en plein air sous les étoiles du camp de réfugiés de Dakhla. Ce film raconte la quête d'Imam Boisha, poète sahraoui en exil, qui revient au Sahara occidental à la recherche de l'essence de sa poésie. Accompagné du sage Belga, du philosophe Mohamed Salem et de l'érudit Bonnana Busseid, il part vers Leyuad, terre ancestrale des Hommes du Livre et berceau de l'identité du peuple sahraoui. Ce genre de production fixe une priorité au message et à la nature, et ainsi le décor et la mise en scène n'ont pas d'importance. En fait, l'idée est généralement de donner de l'importance à ce qui se passe sur le chemin et non pas ce qui est au bout de la route. Sortis de leur milieu habituel (Madrid pour certains et Belgique pour d'autres), les héros vont découvrir une partie d'eux-mêmes qu'ils ne connaissaient pas. C'est le cas du personnage principal de Leyaud, l'imam Boisha. Ce poète sahraoui qui vit à Madrid se déplace vers le Sahara occidental pour récupérer l'inspiration pour ses vers après l'avoir perdue en étant éloigné de sa terre natale. Un voyage long et difficile attend le poète et ses compagnons de voyage avec un seul objectif : atteindre Leyuad, au cœur de Tiris. Le film laisse de côté le sentiment de désert, de cruauté et place la poésie et l'émotionnel sur le devant de la scène. Une fois arrivé à Leyuad, les voyageurs sont attendus par Sidi Brahim, poète, dans sa ‘'jaima'' (une tente sahraouie), et leur fera découvrir les miracles de cet endroit. Ils seront plongés dans les mythes et les secrets des génies du désert, ceux «qui ne peuvent pas être nommés», leur dit-il. Ce voyage remet en contact l'homme avec sa nature et ses sources. La poésie transforme ce voyage en chemin poétique et émouvant. Les personnages de Leyuad ont, tout au long de leur parcours, la charge de la mémoire de ceux qui ne sont plus là et ceux qui n'ont plus la possibilité de se rendre sur ces terres (les exilés, les prisonniers...). Le film de Gonzalo et Chagaf est un véritable hymne à la liberté, à la nature, aux paysages...