Cela relève de l'impensable. Mohamed Yassine, le petit garçon de 6 ans, enlevé puis assassiné dans la wilaya de Béchar, le 10 octobre, est la victime de six personnes qui ont décapité le corps du gamin à des fins de sorcellerie. Le corps sans vie de l'enfant, jeté en morceaux dans un sac, a été découvert, il y a quelques jours, dans la localité de Mazer, relevant de la commune d'Igli (wilaya de Béchar). Les chiens d'intervention ont humé, indique le communiqué de la gendarmerie, les restes de l'enfant. Le cadavre décapité était dans un sac en plastique mélangé à du ciment et des pierres puis enterré dans un chantier. Les empreintes retrouvées sur le reste du cadavre ont permis aux enquêteurs de remonter jusqu'aux auteurs du crime. Il s'agit, selon les derniers éléments de l'enquête, de six personnes d'une même famille, dont quatre femmes (trois sœurs, la quatrième est leur belle-sœur). Les mises en cause ont, précise la Gendarmerie nationale, tué l'enfant avant de le décapiter pour s'adonner ensuite à des pratiques de charlatanisme et de sorcellerie. «Les mises en cause ont fini par avouer leur crime», précise-t-on dans le communiqué qui ajoute que les six personnes étaient consentantes lors de leur forfait. L'une des femmes avait pour mission d'attirer le petit Yassine dans leur domicile puis l'assassiner et le découper avec l'aide des cinq autres accusés. Le mobile de l'infanticide n'est, donc, autre que la sorcellerie pour «guérir» du célibat et de la stérilité. Les six auteurs de ce crime barbare ont été mis en détention dans la wilaya de Béchar. Jeudi, c'est sous le choc que la population de Mazer, dans la wilaya de Béchar, a enterré le petit garçon de six ans dans une ambiance de tristesse et de colère. La famille de la victime, à laquelle s'est jointe toute la population de la région du Sud-Ouest, demande à ce que justice soit faite dans les plus brefs délais. Une justice contre un crime qui ne relève, d'ailleurs, pas de l'inédit. En l'espace de quelques mois, pas moins de trois enlèvements et assassinats similaires ont été enregistrés. C'est un fait : le kidnapping des enfants est devenu une réalité inquiétante en Algérie depuis les cinq dernières années. Des chiffres effarants sont communiqués régulièrement par les différents services de sécurité. Pourtant, pour faire face à ce phénomène, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a lancé, par le biais d'une instruction adressée à plusieurs ministères, corps de sécurité et organismes publics, le 24 août, un dispositif national d'alerte. Celui-ci sera déclenché à chaque disparition ou kidnapping d'enfant. Cependant, ce dispositif ne semble pas suffire, puisqu'il n'a pas réussi à empêcher, quelques mois après son lancement, l'assassinat du petit Mohamed Yassine.