L'œuvre d'Emmanuel Roblès était présente au 21e Salon international du livre d'Alger à travers l'ouvrage Malika et autres nouvelles d'Algérie édité l'année passée aux éditions El Kalima à l'occasion de son centenaire (1914-1995). Ce recueil de nouvelles s'ouvre par un texte en forme de préface par Guy Ducas ayant pour titre exploration du réel. L'auteur de cette présentation met en avant l'intérêt d'Emmanuel Roblès à la nouvelle où il écrit : «Lorsque la maison d'édition d'Edmond Charlot se développa (…) Roblès proposa à son tour en pleine guerre, d'en lancer une intitulée Renaissance de la nouvelle», son éditeur lui objectera que «les nouvelles se vendent beaucoup moins que le roman». Il écrira tout de même plusieurs romans dont : La Vallée du paradis, travail d'homme, Les Hauteurs de la ville (prix Femina), Cela s'appelle l'aurore, Federica…Ainsi, Emmanuel Roblès compte parmi les écrivains français d'Algérie, au même titre qu'Albert Camus, Jean Sénac ou encore Jules Roy et Pélégrini. Il collabore à Alger républicain avec Albert Camus, Mohamed Dib, Kateb Yacine. Emmanuel Roblès est né en 1914 à Oran, au sein d'une famille ouvrière d'origine espagnole. Le futur écrivain évoquera son enfance oranaise dans deux récits autobiographiques : Jeunes saisons (1961) et Saison violente (1974). Après sa scolarité dans sa ville natale, il est reçu à l'Ecole normale de Bouzaréah à Alger (1931-1934) où il se lie d'amitié avec Mouloud Feraoun. Plus tard, il aura la chance de passer son service militaire à Blida, puis à Alger où il fait la rencontre d'Albert Camus. Il enseigne un temps à Oran, collabore au journal Oran républicain, avant de retourner à Alger pour entamer des études d'espagnol et collaborer à Alger républicain avec Albert Camus, Mohamed Dib, Kateb Yacine. Encore sous le coup de l'émotion soulevée par les massacres du 8 mai 1945 dans l'est algérien (Sétif, Guelma, et Kherata), il publie Les Hauteurs de la ville, un roman écrit à la première personne et dont le personnage principal s'appelle Smaïl Belakhdar. Le rossignol de Kabylie Mouloud Feraoun dira que le livre est dédié à un de leurs condisciples, Ahmed Smaïli, «condamné à mort sous le régime de Vichy, et qu'un don de poète promettait aux plus belles créations littéraires». Les Hauteurs de la ville obtient le Prix Fémina l'année suivante. Emmanuel Roblès se fait aussi dramaturge avec sa première pièce Montserrat. Dans une de ses nouvelles contenue dans le recueil Malika et autres nouvelles intitulé Le rossignol de Kabylie, il dédie son texte à Mouloud Féraoun. Il s'agit de Norredine Aït Kaci comme personnage principal. Une nouvelle particulièrement intéressante, car elle porte un message humain. C'est sans doute pour cette raison qu'elle a été adaptée à la télévision après l'indépendance de l'Algérie par Georges Régnier et Roblès lui-même, avec la collaboration de Georges Franju et l'écrivain Malek Ouary. Il faut noter que Guy Dugas, chercheur qui dirige un important Fonds Roblès-Patrimoine méditerranéen, a joué un rôle prépondérant dans la présentation des œuvres d'Emmanuel Roblès.