Devant une réalité économique qui ne prête pas à l'optimisme, le gouvernement multiplie les actions et redouble d'efforts à la recherche de nouvelles sources de financement. Il donne l'impression de tenter le tout pour le tout. Et la bataille de la «relance économique» est menée sur tous les fronts : réforme bancaire, assouplissement des contraintes liées à l'investissement privé, décentralisation de la décision, élargissement de l'assiette fiscale, mesures incitatives à l'adresse des collectivités locales et, depuis peu, un projet de redéploiement de l'Algérie sur le continent noir : une ambition africaine menée conjointement par le Forum des chefs d'entreprises (FCE) et le ministère des Affaires étrangères. C'est là toute une panoplie de projets et de mesures décidés dans l'urgence, pour éviter au pays le précipice. Question : Le gouvernement a-t-il fini par prendre conscience de l'urgence à exploiter des gisements entiers de développement économiques délaissés jusque-là ? Si, il y a, à peine une année, le premier ministre Abdelmalek Sellal affichait une assurance à toute épreuve en affirmant que «l'Algérie a les moyens de faire face à la crise», le propos des officiels a aujourd'hui nettement évolué et semble se conformer à la réalité du pays. Crise oblige, tous les membres du gouvernement sont sommés de trouver des solutions, chacun dans son secteur. Se pose alors la question de la viabilité des projets et leur pertinence. Est-ce des objectifs réalisables ? Pour Ferhat Aït Ali, expert financier, «le gouvernement est partout et nulle part, et sans aucun plan précis». Interrogé sur les multiples démarches du gouvernement, notre interlocuteur relève de prime abord l'absence d'un plan bien élaboré avec des objectifs clairs et pratiques. «J'ai lu et écouté tout ce qui a été produit comme document et prononcé comme discours, et aucun ne renvoie à une démarche précise et pratique dans aucun domaine», déplore-t-il, pessimiste quant à la viabilité de ces multiples mesures. Pis encore, enchaîne-t-il, «les fausse données et les mauvais calculs sont pratiquement la chose la plus remarquable dans les constats et prévisions développés jusqu'ici». «Pour les banques, elles sont invendables, et même gratuitement, personne n'en voudra, leurs actifs sont toxiques et leurs passifs ingérables, même leurs comptabilités sont foireuses et peu fiables. S'agissant de la fiscalité locale, les chiffres et ratios du premier argentier du pays, Ahmed baba ammi, ne convergent ni avec ceux de M. Kerrar, du ministère de l'intérieur, ni avec la logique la plus élémentaire. Alors que M. Kerrar parle de 168 milliards de dinars de fiscalité locale en 2015, le ministre des finances parle, lui, de 410 milliards. M. Kerrar considère que 50 milliards de dinars de pertes sur la TAP représentent 36% de la fiscalité locale globale, M. Baba Ammi estime cette TAP à 58% de 410 milliards de dinars !». Pour ce qui est des perspectives de développement de nos entreprises à l'échelle continentale, là aussi, notre expert financier se montre peu convaincu. Le climat dans lequel évoluent nos entreprises est flou et ne prête pas, selon lui, à un déploiement hors de nos frontières. «Le produit algérien a été incapable de compétitivité chez lui, alors de là à l'être à l'extérieur, avec une réglementation sur les devises digne de la Corée du nord, je ne veux même pas voir pour croire, on fera quelques mauvaises petites affaires et tout sera oublié dans six mois, sauf pour ceux qui auront la banque d'Algérie aux trousses suite à une infraction sur le change induite par une escroquerie dont nos voisins africains sont devenus maîtres en la matière».