Le combat de l'intersyndicale autonome opposée à la réforme de la retraite est tout près d'aboutir, puisque le projet de loi qui sera voté aujourd'hui à l'APN va, sauf changement de dernière minute, subir un amendement qui maintient le droit à la retraite après 32 ans de service. La commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de la Chambre basse du Parlement, s'est réunie lundi en présence du ministre du Travail, Mohamed El Ghazi. Ce dernier a promis «d'introduire un amendement qu'il va annoncer au plus tard demain matin (Aujourd'hui, Ndlr), après concertation du gouvernement», apprend-on auprès de Nadia Chouitem, députée du Parti des travailleurs (PT) et membre de la même commission. Bien que ce ne soit pas encore officiel, notre source affirme qu'«un accord de principe a été arraché pour que le droit à la retraite sans conditions d'âge, c'est-à-dire après 32 ans de service, reste inchangé». «L'espoir est permis», ajoute Nadia Chouitem. Cet amendement devrait figurer dans le rapport complémentaire de la commission ou, à défaut sera proposé, ce matin en séance plénière, par le ministre en personne qui va user de son droit. Il ne restera, par la suite, aux députés de la majorité et de l'opposition qu'à l'approuver. «Nous avons proposé le même amendement que les élus des partis de l'opposition», assure d'ailleurs Mustapha Kehiliche, membre FLN, au sein de la commission. Un recul ! Ça en a l'air en tout cas. Le gouvernement, face à la pression des syndicats autonomes qui ont démontré par le rassemblement, empêché à Alger dimanche dernier, l'adhésion des travailleurs et surtout leur détermination à aller jusqu'au bout du mouvement, a donc décidé de faire des concessions. Depuis le 17 octobre, 12 syndicats autonomes de la Santé, de l'éducation, de l'administration publique et de la formation professionnelle sont engagés dans un mouvement pour amener l'Exécutif à retirer son projet mettant fin aux départs à la retraite proportionnelle et sans condition d'âge, entériné en leur absence, lors de la 19e tripartite. Finalement, seule, donc, la retraite proportionnelle, accordée actuellement à leur demande, aux travailleurs âgés de 50 ans au moins et justifiant d'un minimum de 20 années d'exercice et de cotisations, sera supprimée. Par contre, l'âge légal de 60 ans qui sera exigé à partir du 1er janvier 2017 aux travailleurs voulant faire valoir leur droit à bénéficier de la pension de retraite, ne concernera pas ceux qui justifient de 32 années de service. Un succès pour l'intersyndicale dont les travailleurs et syndicalistes ont résisté à la pression, aux menaces de licenciement et aux poursuites judiciaires durant plusieurs semaines. «Nous avons réussi à nous imposer, en l'absence de tout espace de dialogue. C'est pourquoi, je pense que les travailleurs peuvent se féliciter d'une victoire si l'amendement qui maintient la retraite sans condition d'âge est voté», a réagi Boualem Amoura, secrétaire général du Satef. Après la démonstration de force du rassemblement de la Grande Poste, il semblerait que le gouvernement ait réfléchi par deux fois avant d'aller vers l'adoption du projet. Dans cette bataille des dernières heures, les rapports de forces ont fini par peser du côté des syndicats autonomes.