Amar Ezzahi, l'un des chanteurs les plus populaires de ce style, a été accompagné par des milliers de personnes à sa dernière demeure. Ce jeudi n'est pas comme les autres pour les dizaines de milliers de fans de Amar Ezzahi qui ont tenu à assister à ses obsèques qui ont eu lieu au cimetière d'El Kettar à Alger. Ce jeudi n'est pas comme les autres car les habitants de la rampe Louni Arezki, des quartiers voisins, de Bab El Oued et du tout- Alger ne reverront plus ce chanteur qui doit sa célébrité surtout à sa simplicité, sa modestie et sa proximité du petit peuple et des pauvres auxquels il pensait et se considérait comme l'un d'entre eux malgré sa stature de star. Ce jeudi n'était pas comme les autres pour le cimetière d'El Kettar car il ne pouvait accueillir toute cette grande foule venue dire adieu à ce chanteur qui a choisi de vivre seul dans son appartement situé à quelques mètres du saint patron d'Alger, Sidi Abderrahmane. Timidité et culture Ce jeudi n'était pas comme les autres pour les amoureux du chaâbi qui ne reverront leur idole que dans les rares films enregistrés par la télévision ou par les amateurs. Ils se contenteront de réécouter ses enregistrements lors des fêtes de mariage. Après ce jeudi qui n'était pas comme les autres, il y aura des amis de Amar Ezzahi qui sortiront des enregistrements inédits, notamment des discussions dans lesquelles le chanteur connu pour sa timidité se dévoile et prouve sa double culture en arabe et en français. Ceux qui croyaient qu'il refusait de parler aux journalistes car il ne maîtrisait pas la langue de Molière sauront qu'ils se trompaient car le chanteur discret qui aurait eu son BEPC (BEM) depuis fort longtemps a parlé pendant près d'une heure dans un enregistrement sans aucune gêne ni la moindre erreur. Ezzahi le timide s'était bien exprimé et cet enregistrement pourrait être médiatisé dans les jours à venir. Ce jeudi qui n'était pas comme les autres car tout le monde a pris rendez-vous à la rampe Louni Arezki. Obsèques exceptionnelles Les chanteurs de chaâbi et ceux des autres styles, les chanteuses, les comédiens, les peintres, les riches et les pauvres d'Alger ont vécu des moments exceptionnels. Le déplacement du cortège funèbre du domicile mortuaire jusqu'au cimetière était accompagné par les voix des jeunes et moins jeunes qui lançaient Allah Akbar alors que des balcons, on entendait les youyous des femmes. C'était comme un cortège présidentiel mais la différence est que tous ceux qui se sont déplacés en ce jeudi pas comme les autres, l'ont fait par intuition, conviction et amour pour le chanteur qu'ils aimaient car il avait préféré rester simple et pauvre comme eux. D'après les témoignages, Amar Ezzahi n'a jamais quitté son appartement de la rue Louni Arezki pendant la décennie noire, si ce n'est que pour une toute petite période. Le tout-Alger qui connaît ce quartier se demande en ce jeudi pas comme les autres si Ezzahi n'avait pas peur, car il se considérait comme le tout petit citoyen et laissait son sort à dieu ou avait la protection de Sidi Abderrahmane dont le mausolée lui faisait face. Simplicité Ezzahi était comme tous les grands artistes et les fausses rumeurs le touchaient aussi. En effet, celle qui dit qu'il a chanté Zennouba, un de ses plus grands succès pour rendre hommage à une prétendue cousine qu'il a aimée et rêvé de prendre comme épouse est fausse, car tout simplement l'auteur de cette chanson est décédé avant même sa naissance. Pour rappel, Zennouba a été écrite par le parolier marocain Mohamed El Bahi et a été enregistrée par le maître de la musique andalouse et hawzi Cheikh Larbi Bensari en 1926. Ce jeudi n'était pas comme les autres car Alger, l'Algérie et la musique chaâbi ont perdu un chanteur qui a consacré sa vie à cet art et a vécu pour chanter et donner de la joie à ceux qui la méritent. A ceux qui sont comme lui, simples et modestes.