Feu Hocine Aït Ahmed dont on commémorera, dans quelques jours, le premier anniversaire de son décès, devrait se retourner dans sa tombe, là-haut, au pied du mausolée de Cheikh Mohand. L'un de ses lieutenants, à qui il a appris l'esprit de résistance et de persévérance contre les coups de boutoir du pouvoir, vient d'être liquidé par ses frères. Rachid Halet, une icône du combat démocratique, et un responsable respecté et respectable du FFS originel, vient d'être radié des rangs du parti. Son péché ? Avoir osé des embardées discursives qui ne cadrent pas avec les nouveaux fondamentaux du parti. Oui, le FFS n'est plus ce qu'il était. Son discours, ses méthodes, et son fonctionnement n'emballent plus les foules. Le plus vieux parti de l'opposition n'est plus que l'ombre de lui-même. Il ne fait plus rêver… Ne pas le reconnaître relève de la cécité politique ou de la mauvaise foi. Voir ce grand parti, qui a enrichi le lexique politique algérien et fait œuvre de pédagogie politique, tomber de haut est tout simplement touchant. Il tombe de haut. De très haut. Un peu comme la glorieuse JSK qui se fait ramasser dans son antre par des équipes de quartiers ! Autres temps... autre ton. Le FFS du grand Zaïm, Hocine Aït Ahmed, au faîte de son pouvoir, ne fait plus parler de lui par sa sagacité politique, la pertinence de ses analyses et la cohérence de son discours. Il est aujourd'hui snobé par des formations microscopiques. Tout juste s'il garde encore un peu de sa gloire passée, œuvre de grands hommes qui ont affronté un pouvoir sans pitié et une gigantesque propagande. Hélas, ce précieux héritage historique, long de plus de quarante années de sacrifices et de militantisme, est en train d'être dilapidé. Aujourd'hui, force est de constater que le FFS alterne le moins bon et le mauvais alors qu'il en capable de mieux. Nettement mieux eu égard à son capital expérience qui le place, naturellement, comme la locomotive du combat démocratique en Algérie. Le FFS, est quasiment le seul sigle qui est resté plus ou moins crédible jusque-là. Même les gens du pouvoir reconnaissent la majesté de ce parti qui puise son ancrage du peuple avec lequel il n'a jamais divorcé quoi qu'il arrivait. Il faut croire que ces temps-là ne sont plus que vagues réminiscences d'un passé glorieux, rempli de luttes citoyennes, de combats pour les droits de l'Homme, de démocratie et de réhabilitation du politique en Algérie. Il faut avoir la lucidité de reconnaître que l'étoile si scintillante de ce parti s'éteint chaque jours jour un peu plus. Et c'est dommage pour ses militants et pour l'Algérie. C'est un devoir de vérité d'écrire que le FFS, qui a lutté une décennie durant contre la «normalisation totalitaire», qui donnait des allergies à Bouhadef, Djeddai, Zenati, Bouakouir, Tabou, et feux Debaili et Naït Djoudi, ait fini par être lui-même «normalisé». En décidant de «purger» ses rangs de Rachid Halet, le dernier des Mohicans, des années fastes du FFS, la direction actuelle aura achevé son contrat national : dévitaliser le parti et le rendre comme tous les autres… Sans doute que l'imminence des élections législatives qui vont faire saliver d'envie plus d'un, a pesé sur cette décision de se débarrasser d'un homme gênant comme Halet en prévision des petits arrangements entre amis. C'est tout de même paradoxal de voir ce parti qui a longtemps dénoncé les «putschs», les méthodes staliennes, les purges, le pouvoir de l'ombre, le cabinet noir…», en faire son mode d'emploi en son sein. Cela n'est assurément pas conforme à la ligne du FFS ni à son ambition jadis assumée, de servir de modèle grandeur nature de démocratie organique. La pédagogie politique dont se gargarisent ses nouveaux responsables prend en tout cas un sérieux coup avec cette crucifixion publique de Halet. Mais à travers lui, c'est quelque part le FFS qu'on met en danger de mort. Va-t-il finalement survivre à «Dda Lho» ? La question coule source aux Ait Yahia et Aït Ouartilane.