Des plats traditionnels faisant partie de l'art culinaire de la région d'In-Salah, 750 km au Nord de Tamanrasset, sont remis au goût du jour à chaque retour de la saison froide dans le Tidikelt, connue pour ses rudes conditions climatiques, en hiver comme en été. Face à la rudesse de la saison froide, les femmes au foyer, notamment celles âgées, imbues de leurs traditions ancestrales, s'adonnent, tout en s'adaptant aux rythmes des saisons, au choix et à la préparation des produits et ingrédients nécessaires aux plats séculaires très revigorants et riches en calories, à même de permettre de se prémunir contre le froid et les maladies saisonnières, dont le rhume, la toux et autres pathologies passagères bénignes. Bien que la gastronomie locale ait été enrichie de recettes culinaires dites «modernes», permettant à la femme d'In-Salah d'être également «branchée» et de se mettre au diapason du développement et de la diversité de l'art culinaire, la nostalgie des plats ancestraux revient avec force en cette saison hivernale dans le Tidikelt, signe d'un attachement au patrimoine populaire ancestral. El-Hassa, Merdoufa et Taktek toujours prisés Faisant partie du legs gastronomique séculaire de la région du Tidikelt, les plats populaires d'El-Hassa, Merdoufa et Taktek occupent une place de choix comme habitude alimentaire saisonnière, et sont préparés à base d'ingrédients savamment utilisés. Pour les spécialistes de ces plats, la recette est constituée essentiellement de graisse de guedid (viande rouge séchée), de plantes aromatiques, d'épices, dont la nigelle, le fenugrec, la coriandre et le piment. Selon Nacéra, femme au foyer quinquagénaire, le plat populaire El-Hassa, garnissant également le menu ramadhanesque, est très prisé en période hivernale, lors du déjeuner ou du dîner, et est soigneusement garni et servi chaud, comme mets tonifiant, agrémenté de petits morceaux de guedid. Pour la Merdoufa, cette cheffe de cuisine explique que la préparation de ce plat typique de la région nécessite un bon dosage d'épices, de l'oignon, de l'ail et de la tomate fraîche, qui sont ensuite mélangés avec des dattes rouges et de la graisse, pilées dans un mortier, mises à mijoter à petit feu, pour constituer une farce à deux miches, avant d'être servie chaude. Cette dame a expliqué également que le Taktek se prépare à base de plantes, dont la coriandre, l'ail, la tomate, les feuilles de vigne, et l'orge, pilés dans un mortier en bois, avant d'être savourés à la main et servis dans un plat assaisonné de condiments pour lui donner davantage de saveur. El-Hadja Djemaâ, 68 ans, originaire d'In-Salah, a indiqué que le plat traditionnel de Taktek, légué d'une génération à l'autre, fait partie des us de la population du Tidikelt que les anciens ont perpétué en tant que plat préparé à base d'aliments naturels pour préserver leur santé et se prémunir des maladies. En dépit de l'émergence de nouvelles habitudes culinaires importées, dont les différents plats de cuisine rapide (pizzas et sandwichs), les mets traditionnels, en plus d'entretenir une certaine convivialité familiale, demeurent très prisés, aussi bien par les personnes âgées que par les jeunes. El-Hassa, Merdoufa et Taktek sont arrivés jusqu'à s'imposer au menu de la gastronomie des habitants du Tidikelt qui les offrent à leurs invités et les conseillent à toute personne de passage dans la région.