La Turquie était en deuil hier, au lendemain des attentats perpétrés à Istanbul et qui ont fait, d'après le ministre de l'Intérieur, au moins 38 morts dont 30 policiers, et 155 blessés. La Turquie, qui a décrété une journée de deuil national hier, précise l'agence Anadolu, était dans le collimateur des auteurs des attentats après qu'une voiture piégée a ciblé un car de transport des forces antiémeute près du terrain de football de Besiktas, et qu'un kamikaze s'est fait exploser au milieu d'un groupe de policiers dans un parc voisin moins d'une minute après. D'après le ministre de l'Intérieur, Suleyman Soylu, 27 policiers et deux civils ont été tués. Il s'agit d'une attaque terroriste qui ciblait clairement les forces de police antiémeute, d'après le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus. Les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), ont revendiqué hier le double attentat commis la veille au cœur d'Istanbul, selon une agence de presse prokurde. «Les TAK ont revendiqué l'attentat qui s'est produit hier à Istanbul», a rapporté l'agence de presse Firat, proche de la mouvance séparatiste kurde. A noter que la Turquie a été la cible depuis l'an dernier de nombreuses attaques attribuées aux rebelles kurdes ou aux extrémistes de Daech, qui ont notamment frappé Istanbul et Ankara. Engagée en Syrie contre les kurdes et Daech, malgré l'absence d'autorisation de la part de Damas, l'armée turque a déjà perdu des éléments dans des accrochages avec des extrémistes de ce qui est absurdement appelé l'«état Islamique». Les criminels de Daech qui ont, d'après Damas et Moscou, longtemps bénéficié des «facilités» accordés par Tayyip Erdogan pour se rendre en Syrie et tenter d'obtenir illégalement le départ d'El Assad, se retournent depuis environ une année contre la Turquie. L'absence de coopération engageant la Turquie et la Syrie avec surtout la persistance d'Erdogan à soutenir militairement des «rebelles» et à exiger le départ d'El Assad aide considérablement le déploiement de Daech. Les criminels de Daech, qui subissent des défaites militaires en Syrie et en Irak, tentent de se déployer dé-sormais dans d'autres pays, dont la Turquie, l'égypte et la Jordanie. C'est dans le but d'obtenir la coopération des pays de la région contre les extrémistes de Daech que la Russie tente de coopérer avec la Turquie qui a accepté l'initiative de Moscou. La mise à l'écart de Damas par Erdogan ne favorise pas la réussite de la coopération et encourage les criminels de Daech. Erdogan : «Lutter contre Daech» Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé, hier, que la Turquie luttera jusqu'au bout contre le terrorisme, au lendemain d'un double attentat qui a frappé le cœur d'Istanbul. «Que ma nation et mon peuple en soient assurés: nous lutterons jusqu'au bout contre cette malédiction qu'est le terrorisme», d'après Erdogan qui s'exprimait dans un point de presse à Istanbul, où 38 personnes ont été tuées par une double explosion samedi : «Nous n'allons pas laisser cet attentat impuni. Ils paieront un lourd tribut», a poursuivi le chef de l'état turc. Les attentats n'ont pas été revendiqués, mais les autorités ont affirmé que les premiers éléments recueillis accusaient des séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). «Il est très probable, nous n'avons presque aucun doute qu'il s'agirait d'une (attaque) de l'organisation terroriste séparatiste PKK», d'après le Premier ministre Binali Yildirim. Le chef du gouvernement a dénoncé une attaque qui «cible la solidarité et la fraternité de notre pays». Poutine a présenté ses condoléances au président turc Recep Tayyip Erdogan suite aux attaques d'Istanbul qui a fait de nombreuses victimes hier. «Le président russe a fermement condamné ce crime cynique et lâche et a exprimé être confiant que ses auteurs recevront le châtiment qu'ils méritent. Le président russe a souligné que l'incident confirmait pour une énième fois la pertinence des efforts conjoints dans la lutte sans compromis contre le terrorisme international», peut-on lire dans le communiqué. Vladimir Poutine a également exprimé des mots de compassion et de soutien aux familles et aux proches des victimes, et a souhaité un prompt rétablissement aux blessés. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a fermement condamné le double attentat d'Istanbul qui a fait des dizaines des morts et de blessés. Bahram Qassemi a exprimé sa compassion avec le peuple, le gouvernement et les familles des victimes des attentats. «La vague d'attentats qui a frappé la Turquie, pays voisin et ami de l'Iran, et a déchaîné la violence et l'insécurité, suscite notre inquiétude. Il est indispensable que les pays du monde entier coopèrent pour combattre les extrémistes, dont la violence et le meurtre gratuits sont le langage commun», a-t-il noté. «Djihadistes», dites-vous ? Les criminels semblent avoir coordonné leurs actions pour mener des attaques en Turquie, Egypte, Nigeria et Somalie. Ils ont surtout choisi la date, celle de la veille de la célébration par les musulmans de la naissance du prophète (QSSSL). En ciblant une église au Caire, les auteurs de ces lâches attentats criminels tentent d'obtenir une confrontation opposant les musulmans aux chrétiens, et transformer la fête musulmane en deuil et en conflit ethnique. Encore une preuve que Daech, le Front El Nosra et autres organisations extrémistes qui détruisent la Syrie, l'Irak et d'autres pays ne peuvent se prétendre musulmans. Leur but est autre que celui de mettre en valeur une religion qu'ils tentent de ternir à coups de tueries. Ils sont là pour appliquer une «politique» tracée par d'autres, encouragés par un courant qui porte un nom, le wahhabisme. Constitués en organisation, les extrémistes sont aidés dans leurs crimes par une partie de la presse occidentale qui leur attribue injustement le qualificatif de «djihadistes». Un terme pourtant noble qui signifie en religion l'abnégation dans le travail dans l'intérêt des autres, et non égorger des femmes et des enfants. Certains médias parlent même de «militants de l'Etat Islamique» quand les criminels de Daech commettent des attentats contre les militaires de Damas et de Baghdad, et se «corrigent» vite en les qualifiant de terroristes quand ils ciblent un pays européens. La lutte mondiale contre le terrorisme exige également une définition qui devrait être attribuée aux extrémistes, et acceptée par la communauté mondiale. L'Algérie condamne avec la «plus grande vigueur» L'Algérie condamne avec la «plus grande vigueur» le double attentat perpétré samedi au centre d'Istanbul, a indiqué, hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. «Nous condamnons avec la plus grande vigueur le double attentat perpétré, hier samedi, au centre d'Istanbul», a précisé M. Benali Cherif dans une déclaration à l'APS. «Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes et au gouvernement turc et nous réitérons par-là même nos sincères sentiments d'amitié et de sympathie avec le peuple turc», a-t-il assuré.