Malgré les aléas climatiques, l'élevage laitier occupe une place prépondérante dans la structure sociale et l'économie locale des habitants de la wilaya de Ghardaïa. L'élevage traditionnel était déjà l'une des principales activités de la population avec un nomadisme très répandu, avant que des investisseurs de la région de Guerrara se lancent dans l'agropastoral et créent une première mini-laiterie en 1998, selon les informations recueillies auprès des services vétérinaires de la wilaya. Après le succès indiscutable réalisé par cette mini-laiterie dans la région de Guerrara, devenue ensuite le bassin laitier de la wilaya, sept autres laiteries ont été créées depuis et la production de lait cru y est passée de 2 535 312 litres de lait naturel cru en 2000 à plus de 8 634 762 de litres en 2011, pour d'atteindre les 10 718 523 litres en 2015, soit une augmentation de plus de 500%, a-t-on fait savoir. Selon les explications de Khaled Djebrit, responsable des statistiques à la direction des services agricoles (DSA), cette évolution positive de la production laitière dans la wilaya résulte de plusieurs facteurs aidants, mis en place par les pouvoirs publics au profit des éleveurs qui ont rompu avec le mode traditionnel pour s'impliquer davantage dans la filière laitière génératrice de revenus. Les mesures incitatrices mises en place par l'Etat ont encouragé de nombreux éleveurs de la région à s'intégrer dans le processus de production de lait et ont également poussé les industriels et autres agriculteurs privés à investir dans la filière lait et l'aliment de bétail. L'élevage bovin a également connu une remarquable augmentation et ce, par l'augmentation du nombre d'éleveurs, l'achat de génisses d'importation et aussi par l'encouragement, dans le cadre du dispositif de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) à s'orienter vers l'agriculture, a-t-il fait remarquer. La diversification et l'intensification de la production céréalière, du maïs et de la luzerne, dans les régions de Hassi-Lefhal et El-Menea au sud de la wilaya et à Guerrara au Nord, a été un choix stratégique pour répondre aux multiples attentes de la filière lait en pleine mutation, a souligné de son coté Hadj Kada, le président de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA) de la wilaya. Cela a permis aux grands agriculteurs d'aborder de manière professionnelle le développement de leurs produits et l'optimisation des circuits de commercialisation de l'aliment de bétail et de s'intégrer également dans le circuit de la filière lait, a-t-il ajouté. L'effectif des vaches laitières est passé de 1600 en 2009 à 3000 en 2015, tandis que le cheptel caprin laitier est estimé actuellement à plus de 86 000 chèvres et le cheptel camelin laitier à 5275 chamelles, d'après les statistiques de la DSA de la wilaya.Cet effectif de bétail laitier, toutes espèces confondues, a produit quelque 12 millions de litres de lait cru bio en 2015 dans la wilaya qui ambitionne d'accroitre la production de lait, signale-t-on à la DSA. La wilaya a atteint l'autosuffisance en matière de production de lait cru de vache et de chèvre bio pasteurisé et exporte vers d'autres wilayas, notamment Ouargla et Tamanrasset, ont affirmé les responsables de la direction du commerce de la wilaya. Les efforts déployés dans l'encadrement de l'élevage laitier ont eu, d'une manière générale, des conséquences remarquables sur le développement de la production laitière, tant qualitativement que quantitativement. Favoriser l'investissement La production de lait dans la région entre dans la logique d'autosuffisance alimentaire, et l'objectif actuel est de favoriser l'investissement pour des projets de coopératives laitières et de développer la filière, de la pérenniser et d'accroître la production tout en garantissant la qualité des procédés de pasteurisation, affirment les responsables de la wilaya. La région dispose d'énormes potentialités lui permettant d'être une destination privilégiée pour les hommes d'affaires désireux d'investir dans le secteur agro-industriel, et la filière lait regorge d'opportunités d'investissement, a-t-on estimé. Grâce à son importante infrastructure routière, en plus de sa proximité des wilayas de l'extrême sud et des grands centres urbains (Ouargla, El-Bayadh et Hassi-Rmel, entre autres), cette région s'est érigée en véritable pôle agro-industriel au niveau national et est également dotée d'un savoir-faire local en matière de systèmes de production, de mini-laiteries privées, outre une forte présence d'associations professionnelles agricoles qui jouent un rôle crucial en matière d'encadrement agricole, ont-ils expliqué. Dans ce cadre, le wali, Azzedine Mechri, a fait savoir qu'une superficie de 22 000 hectares sera attribuée à des partenaires étrangers, en vue d'accroître la production de lait cru et la fabrication de produits dérivés. Si la production de lait dans la wilaya répond en totalité à la demande locale, il est temps de penser à réduire la facture d'importation et d'exporter vers les pays subsahariens, a-t-il souligné lors de nombreuses rencontres avec le tissu associatif et responsables locaux. La filière laitière a permis, dans la wilaya, la création de prés de 600 emplois permanents à travers huit unités de pasteurisation, au chef lieu de wilaya, à Guerrara, Métlili, El-Menea et Daya Ben Dahoua (une chacune), en plus du réseau de collecte et de distribution dans la wilaya. Une autre unité de laiterie sera ouverte prochainement dans la localité de Zelfana, selon des services de la wilaya.