Malgré le dispositif médical mis en place à l'aéroport international Houari Boumediene par les autorités publiques, le premier cas confirmé de grippe porcine en Algérie serait bien passé par là, sous le nez et la barbe des services de contrôle sanitaire, laissant le doute s'installer chez les citoyens. Pourquoi cette défaillance au moment où le personnel aéroportuaire et le ministère de la Santé affichaient une assurance totale ? Des informations recueillies hier faisaient état de l'absence d'examen médical pour les passagers en provenance de l'étranger. Les médecins rencontrés évoquent en effet la période d'incubation qui fausse le contrôle, étant donné que les symptômes ne sont pas visibles durant cette étape. Cette période peut durer, selon les spécialistes, 7 à 8 jours, durée durant laquelle le malade ne présente aucun signe de la grippe A/H1N1. La ressortissante algérienne atteinte de ce nouveau virus, selon le chef de service de l'équipe de contrôle sus-citée, était justement en phase d'incubation, d'où la «défaillance du contrôle». Selon cette source, la personne atteinte semblait être donc en bonne santé. Un autre témoignage contredit les déclarations des médecins. Mme N. Z., ressortissante algérienne établie aux Etats-Unis qui se trouvait elle aussi à bord du même avion que la dame atteinte du virus, nous a confié qu'elle avait «remarqué que la femme victime de la grippe semblait fatiguée, alors qu'un de ses deux enfants avait déjà le nez qui coulait». Mme N. Z., qui a discuté pendant un long moment avec elle et a affirmé que les passagers de ce vol n'ont subi aucun contrôle médical. «Nous sommes passés le plus normalement et aucun médecin ne nous a interceptés à l'arrivée pour prendre la température des passagers un par un ou encore nous poser les questions nécessaires.» La même source affirme qu'elle n'a été contactée par aucun service par la suite en tant que sujet suspect. «Moi, je suis partie de ma propre initiative à l'hôpital El Kettar pour m'assurer que je n'ai pas été contaminée.» Mais là encore, les interrogations s'accentuent car Mme N. Z. affirme qu'aucune analyse n'a été effectuée sur elle. «Le premier jour où je me suis rendue à l'hôpital, j'ai été reçue par un médecin qui m'a recommandé de revenir le lendemain pour être vue par le professeur, qui lui saura quoi faire», a-t-elle déclaré, avant d'ajouter : «Le deuxième jour, le professeur m'a auscultée et pris ma température. Après quoi, il m'a posé quelques questions concernant le vol, mon état de santé et mon âge mais sans effectuer un test adéquat. Il m'a tout juste demandé de revenir au cas où je me sentirais mal.»Le CHU El Kettar est, pour rappel, désigné comme un hôpital de référence qui doit être doté de tout le matériel nécessaire pour que le malade soit pris en charge dans les meilleures conditions. Le test de dépistage du virus est-il disponible dans les hôpitaux de référence ? Comment nos médecins comptent-ils maîtriser cette pandémie s'ils ne savent pas encore comment se comporter avec cette nouvelle maladie ?