L'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, cité dans des affaires de corruption, poursuit ses sorties sur le terrain. Sa dernière déclaration, selon laquelle il s'est dit prêt à servir le pays, a soulevé des interrogations. Qu'en pense le parti majoritaire dont l'ex-patron, Amar Saâdani, disait tout le bien de Khelil, y compris qu'il était le meilleur ministre que l'Algérie n'ait jamais connu et qu'il mérite un poste plus important que celui d'un simple ministre ? «C'est au président de la République de juger s'il le rappelle ou pas», répond le nouveau secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui s'exprime pour la première fois sur le cas Chakib Khelil, depuis son installation à la tête du parti. Mais il se trouve que l'ancien ministre est impliqué dans des scandales de corruption. «Je n'accuse personne tant qu'il n'y a pas de preuves et de condamnation», précise M. Ould Abbès, contacté hier par nos soins. Il y avait quant même un mandat d'arrêt international lancé contre lui par la justice algérienne avant qu'il ne soit abandonné, avons-nous relancé. Le FLN a-t-il, donc, changé de position par rapport à celle de son ancien premier responsable, qui affirmait que le mandat d'arrêt contre Khelil est un complot fomenté par le DRS ? «La position de Saâdani est sa position. Je ne suis pas obligé de calquer ma position sur la sienne. J'ai ma propre vision des choses», rétorque notre M. Ould Abbès, qui préfère «ne pas entrer dans ces considérations», tout en appelant à «laisser la justice faire son travail». En tout cas, il précisera que le rappel de Chakib Khelil au service est une prérogative du président de la République. «Pour le Président, l'intérêt suprême de l'Etat prime. Pour chaque décision qu'il a prise, il s'est avéré qu'elle était bénéfique pour le pays. Personne ne touche aux prérogatives du Président et ses décisions ne sont pas à commenter», a souligné notre interlocuteur. Djamel Ould Abbès s'est exprimé, également, sur certaines questions organiques du parti et ses efforts de réunifier ses rangs, depuis le 22 octobre dernier, date à partir de laquelle il occupe le poste de secrétaire général du parti. Selon lui, le retour des anciens cadres contestataires s'est fait dans la transparence totale. Notre interlocuteur a établi un bilan positif de l'opération de réunification. Il a confié des missions à ces anciens cadres en créant des commissions ad hoc qu'ils dirigent. Sauf que cette démarche serait mal accueillie par certains membres du bureau politique, qui estiment que c'est une direction parallèle qui s'est mise en place. «On a même parlé de cabinet noir. Moi, j'ai reçu les anciens cadres dont d'anciens ministres dans la transparence totale. C'est dans mes prérogatives de désigner des responsables des instances et de créer des commissions ad hoc sur certaines questions. Si certains membres du bureau politique ne sont pas contents, ils n'ont qu'à me le dire. Il ne faut pas avoir peur des compétences. Je fais appel à qui je veux et je n'exclus personne», a lancé le patron du FLN. Ce dernier a écarté l'éventualité d'un remaniement du bureau politique sauf, a-t-il dit, «si quelqu'un n'est pas d'accord et qu'il vienne me le dire». Quid d'une instance de transition ? «C'est du radotage. Transition de quoi, de qui et pourquoi ? Il y a des gens qui rêvent», a-t-il répondu, invitant ceux qui ont des ambitions de se porter candidats aux prochaines élections législatives à aller vers la base. Il affirme que la «chkara» ne fera pas la loi lors de ces élections et précise que les désignations des candidats par le sommet n'auront pas lieu. Transition : pourquoi faire ? Concernant l'opération de réunification des rangs, notre interlocuteur souligne qu'elle s'est faite en deux étapes. Le premier mois a été consacré aux contacts avec les anciens dissidents, qui ont répondu favorablement à son appel. «J'ai regroupé tout le monde sur la base de la confiance mutuelle. Ils ont compris la bonne volonté de réunifier les rangs dans la perspective des élections de 2017», a-t-il dit, rappelant qu'il a confié des missions à ces anciens cadres dont d'anciens ministres «avec qui j'ai travaillé 10 ans et qui croient au programme du président du parti, qui est, également, le président de la République». La deuxième étape a concerné l'organique du parti. C'est ainsi que le secrétaire général du parti avait reçu individuellement 117 mouhafadhs. «J'ai fait un état des lieux et j'ai établi un tableau exhaustif de la situation organique. J'ai fait quelques aménagements au niveau de cinq mouhafadha mais sans exclure personne. Les mouhafadhs restent toujours membres de la structure», a-t-il affirmé, ajoutant qu'il a mis, également, de l'ordre dans les finances du parti. M. Ould Abbès a annoncé qu'il recevra les sept mouhafadhs d'Alger, la semaine prochaine, en vue de renforcer ces mouhafadha en compétences afin de bien aborder les prochaines échéances.