Ravi à ses fans le 5 janvier 2005 à l'âge de cinquante ans, le chanteur Brahim Izri reste l'une des plus belles voix de la chanson kabyle engagée dans le combat identitaire et la lutte pour les droitsde la femme et de l'enfant. A l'occasion du douzième anniversaire de sa disparition, la famille, les amis et les fans de Brahim Izri se sont donnés rendez-vous, dans la journée d'hier, au niveau de la zaouia Cheikh Belkacem, lieu de son enterrement dans la localité d'Ath Yenni, au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, pour se recueillir à sa mémoire. Organisée par l'association «Thalwith», en collaboration avec l'APC d'Ath Yenni, la cérémonie a été marquée par le dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt, suivie de quelques prises de paroles de certains proches et amis de l'artiste. Une cérémonie simple, qui se veut juste un moment de recueillement, selon les organisateurs qui ont prévu un grand hommage à l'artiste, le mois d'août prochain, à travers de nombreuses activités avec la participation de plusieurs associations sous l'égide de l'APC d'Ath Yenni. Né le 12 janvier 1954, Brahim Izri est emmené dans son enfance par son grand-père écouter les chants religieux de la zaouïa de Cheikh Belkacem, dans la région de Beni Yenni. À l'adolescence, il fonde avec deux de ses amis du lycée, le groupe Igudar (les aigles) à l'époque durant laquelle de nombreux groupes sont engagés dans le combat culturel, linguistique et identitaire en Algérie, à l'exemple d'Isulas, Inasliyen, les Abranis, Imazighen Imoula. Pendant les années 1970, il a été guitariste pour le chanteur Idir. Il entreprend, ensuite, une carrière solo et publie son premier album, en 1981, intitulé «Sacrifice pour un enfant». Un album qui fut un vrai succès en France, où l'artiste s'est installé en travaillant comme chauffeur de taxi, lui qui a toujours refusé de fréquenter le milieu du show-business. L'enfant d'Ath Yenni, influencé par la Folk music, enchaîne deux ans plus tard avec un deuxième album «L'enfant de la terre» (1983). Très marqué par les événements d'Avril 1980 et connu pour son engagement pour la culture et l'identité amazighe, Brahim Izri a réussi à se faire connaître en Algérie, à travers son troisième album «Da acu-iyi» (Qui suis-je ?), sorti en 1984. Un album qui lui confère la notoriété qui lui manquait dans son pays. Tout en continuant à se produire en France à travers des galas, Brahim Izri, dont les textes portent les thèmes sur la défense des droits des femmes et de l'égalité entre hommes et femmes, enchaîne avec trois autres albums : «Ala ala» (1986), «Difrakh inela» (1988) et «Albudala» (1995). En 1999, il chante avec Idir et Maxime Le Forestier la chanson intitulée «Tizi Ouzou», reprise de «San Francisco». Un vrai succès pour ce chanteur qui a toujours servi les causes justes et, surtout, répondu présent à de nombreuses actions humanitaires à travers le pays. C'est ainsi qu'après les inondations de Bab El Oued, il est invité par Baâziz à participer aux côtés de nombreux artistes à composer un couplet en kabyle du tube «Algérie, mon amour» qu'il interprétera en duo avec Djamel Allam. Très engagé dans la défense des droits de la femme et pour la protection de l'enfant, l'artiste qui a également montré une solidarité sans faille avec les victimes du Printemps noir, en Kabylie, à travers de nombreux galas en France, a créé en 2001 avec un collectif de femmes artistes et anonymes : «Algérie, lecture de Femmes». Souffrant d'un cancer, Brahim Izri a quitté ce monde le 5 janvier 2005, alors qu'il venait à peine de franchir le cap de la cinquantaine, laissant derrière lui un riche héritage pour la musique kabyle et même universelle.